L’Islande, voyage au centre de la Terre

Rien de tel qu'un voyage en Islande pour entendre, voir et sentir la planète vivante dans ses entrailles. L'éruption du volcan Eyjaföll l'a récemment rappelé. Les Islandais vivent depuis un millénaire avec cette nature violente des origines. En un week-end autour de Reykjavik, la capitale, on peut aisément voir geysers, glaciers, volcans mais aussi profiter des eaux thermales pour des moments de bien-être relaxants.

Des paysages lunaires et polaires, un climat extrême, une nature vivante : l’Islande est une véritable révélation pour tous ceux qui cherchent à se confronter aux éléments et aux manifestations de la Terre.

Pour la sentir bouger, la voir changer et frémir, inutile de faire des kilomètres. Tout cela est accessible dans les environs de la capitale, Reykjavik. Un long week-end suffit pour plonger dans les entrailles de la terre… Une Islande multiple, où la nature majestueuse et omniprésente régit tout.
 
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons consacré aux forces naturelles islandaises :
 

 

Le Cerle d’Or

C’est LE circuit touristique particulièrement bien adapté à un court séjour autour de la capitale islandaise. Il regroupe les principales curiosités naturelles d’exception du pays. Par chance, elles sont tout près de Reykjavik ;-)
Prenez une journée pour visiter Gullfoss, Geysir et Thingvellir. Des bus touristiques partent de la capitale tous les matins en été et desservent  les trois sites.
 
Geysir
 
Il s’agit du geyser le plus connu de l’île, il a d’ailleurs donné son nom au phénomène de source chaude éruptive. Concrètement, le geyser est un conduit souterrain terminé à la surface par un cratère. Lorsque l’eau présente dans le conduit chauffe, et sous l’effet de la pression, elle jaillit par intermittence.
Depuis le tremblement de terre de juin 2000, le Grand Geysir crache un peu plus souvent que par le passé mais autour de lui, sur une zone géothermique de 3 km, on peut observer une multitude d’autres geysers autrement plus actifs.
Strokkur est le plus impressionnant car il projette, toutes les 10 minutes, une colonne d’eau et de vapeur jusqu’à 35 mètres de hauteur.
Autre phénomène de la nature bouillonnante à observer ici : les mares de boue et les sources d’eau chaude en ébullition. Attention ! L’eau est à près de 100 degrés…
 
Gollfuss
 
C’est l’une des chutes d’eau les plus importantes du pays avec ses 32 mètres de hauteur et son débit particulièrement impressionnant de 130 m2 par seconde. L’eau se jette dans des gorges de 2,5 kilomètres et découpées en différents paliers. Le paysage est à couper le souffle. En hiver, les projections d’eau se glacent presque immédiatement et recouvrent les parois du canyon de petites stalactites.
Gollfuss, cela signifie « chute d’or » en islandais en référence à l’arc-en-ciel qui s’y dessine par beau temps.
 
Thingvellir
 
Le champ de lave de Thingvellir (parc national) est l’un des lieux emblématiques de l’histoire politique islandaise. Protégés par deux grandes falaises parallèles, les chefs locaux y avaient installé le site de « l’hémicycle » au Xème siècle. Ce fut le premier Parlement d’Europe et c’est là que l’Indépendance de l’Islande fut proclamée en 1944. Thingvellir est classé « patrimoine mondial » par l’Unesco depuis 2004.
Site historique et… géologique : l’endroit se situe dans un fossé d’effondrement entre la plaque eurasienne et la plaque nord-américaine. Les deux plaques s’écartent à la vitesse de deux centimètres par an. Tectonique, tectonique … C’est le phénomène de la dérive des continents.
 

Le pays des volcans

La position géographique de l’Islande sur la dorsale médio-océanique (entre les plaques eurasiatiques et américaines) est à l’origine de son activité volcanique exceptionnelle. Il existe plus de 200 volcans qui font régulièrement parler d’eux et inquiètent les Islandais car les éruptions peuvent être dangereuses pour les habitants installés à proximité.
 
Incandescence !
 
Le 20 mars 2010, le volcan Eyjaföll situé à 160 kilomètres au Sud-Est de Reykjavik est entré en éruption. Puis une deuxième éruption en avril, plus puissante cette fois, s’est produite sous le glacier Eyjafjallajökull. Elle a entrainé la perturbation du ciel européen (voir la vidéo de l'éruption).
Les spécialistes estiment que les voyageurs peuvent avoir la chance de voir de la lave en fusion tous les quatre ans en moyenne en Islande.
Dès qu’une irruption se déclare, et si le volcan est assez accessible, les agences locales prennent l’habitude d’inclure le spectacle des jaillissements de lave dans leurs visites. Certains professionnels proposent même des tours en hélicoptère quand c’est possible. Le public suit l’éruption en dehors du périmètre de sécurité. Même à quelques kilomètres d’un cratère, l’expérience est saisissante.
 
Empreintes éternelles
 
Les volcans marquent aussi leur présence par les champs de lave solidifiée et les grottes, comme celle de Leidarendi. Dans son roman Voyage au centre de la terre, Jules Verne passe du temps à décrire, de façon très détaillée, diverses formations volcaniques. Son inspiration est islandaise, alors pourquoi ne pas descendre sous terre pour y retrouver les aventures de notre enfance ?
A environ 30 minutes de Reykjavik seulement, la grotte de Leidarendi, permet de voir à quoi ressemble un tunnel de lave. Vieille de 2 000 ans, cette formation est assez fréquente en Islande. Lors d’une éruption volcanique, la croûte extérieure du tunnel s'est durcit tandis qu’une coulée de lave plus fluide s'est déversée à l’intérieur. Une fois l’éruption terminée et la lave écoulée, il est resté un tunnel que l’on peut explorer aujourd'hui avec casque et lampe frontale. Comme le dit le guide, "on est  le feu et la lave. On circule là où ils passaient".
 
 
 

Des eaux chaudes et vertueuses

 
Six cents sources d’eaux chaudes animent le sous-sol de l’Islande et procurent au pays chaleur et bien-être.
La géothermie permet de fournir le pays en électricité, en chauffage et en eau chaude. Des centrales géothermiques parsèment le territoire. Autour de Reykjavik, un énorme réseau de pipelines permet d’alimenter les chauffages et les robinets d’eau chaude de toute la capitale.
 
 
La piscine Laugardalslaug
 
La sortie à la piscine, c’est culturel en Islande. Au moins une fois par semaine, en famille ou entre amis, on se rencontre dans les hot-pots. Dans la capitale islandaise, on compte pas moins de cinq piscines alimentées par des sources chaudes. Dans la plupart, on trouve les fameux hot-pots, des jacuzzis avec des eaux plus ou moins chaudes (jusqu’à 45 degrés…). Dans le centre de Reykjavik, la piscine Laugardalslaug est très bien équipée : un grand bassin de 50 mètres pour les nageurs, plusieurs hot-pots dont un d’eau salée, sauna, solarium, hammam et toboggan pour les enfants.
Un conseil pratique : avant de rejoindre la piscine, il est obligatoire de passer nu sous la douche… N’oubliez pas que l’eau géothermale dépasse généralement 30 degrés : il est donc important de se débarrasser d’un maximum de bactéries avant d’aller nager.
 
Le Blue Lagoon
 
Situé à deux pas de l’aéroport international de Keflavik, le Blue Lagoon est une très bonne entrée en matière pour découvrir les bienfaits de la géothermie islandaise.
Le décor est surréaliste : niché dans un paysage de lave noire, un lagon à l’eau laiteuse, turquoise et vaporeuse est veillé au loin par une immense centrale géothermique aux tuyauteries métallisées.
A l’origine, dans les années 70, le lagon n’avait pas vocation à devenir l’une des premières attractions touristiques du pays. Lorsque les Islandais découvrent ce plan d’eau formé par les eaux chargées en silice rejetées par l’usine, ils prennent l’habitude de s’y baigner gratuitement pour se détendre, mais également pour soigner des maladies de peau comme le psoriasis ou l’eczéma.
Les professionnels du tourisme se sont alors emparés de l’idée dans les années 90 et ont construit un bâtiment moderne incluant vestiaires, douches, hammam, sauna, chute d’eau et masseur (aux mains de fées! –notre reportrice a testé ;-).
Le site désormais aménagé est évidemment payant.
Le lagon contient 6 millions de litres d’eau de mer géothermale puisée dans les entrailles de la planète à plus de 1800 mètres. Sa température avoisine les 39 degrés. Sa couleur bleue laiteuse provient de la silice, du calcaire et des algues bleu-vert qu’elle contient. Le soufre lui donne une légère odeur d’œuf pourri.
Voilà pour la description.
Pour ce qui est des sensations, c’est tout simplement unique : baignade dans une eau à la couleur irréelle, entouré de vapeurs avec pour toile de fond (quand on voit par delà la fumée…) le champs de lave noire et la centrale carrossée comme une œuvre d’art contemporaine. Ce centre de relaxation et de bien-être est un des plus originaux du continent.
 

 

La nature, source de l’art islandais

Entre les randonnées, la découverte de sites naturels et les moments de détente dans les eaux chaudes, retour à Reykjavik.
La ville n’est pas grande. Le soir et la nuit, les bars (souvent animés d’orchestres live) occupent les voyageurs (il faut avoir une bonne descente et un solide porte-monnaie pour suivre les Islandais dans leurs virées nocturnes…). Dans la journée, on peut aller visiter les galeries d’art contemporain et la Maison de la Culture. La nature est souvent au centre de l’inspiration.
  
La galerie I8
 
Elle expose notamment les œuvres de Katrin Sigurdadottir, née en Islande et vivant aux Etats-Unis depuis des années. Ses créations s’arrachent dans le monde entier. Paysages miniatures de lave ou de mousses, sculptures blanches et saillantes rappelant les séracs des glaciers : Katrin est imprégnée par son pays natal.
On peut aussi y voir des œuvres de Ragna Robertsdottir. Elle va chercher dans la nature la matière première de ses créations (lave, soufre, etc.)
La galerie I8 est situe au centre-ville de Reykjavik.
  
Le livre pour trésor national
 
Pour plonger dans l’histoire islandaise, il faut aller à la Maison de la Culture qui expose les manuscrits islandais du Moyen Âge (les plus vieux montrés datent du XIIIème siècle).
Dans une salle à la lumière tamisée, des raretés enluminées sont conservées : les manuscrits des sagas et edas qui représentent les sources les plus riches sur la vie intellectuelle des habitants de l’Europe du Nord. Ces textes fondateurs de la culture et de l’identité islandaises évoquent aussi largement la nature. Certaines illustrations montrent la dureté de la Terre islandaise et les conditions de vie des habitants à l’époque. Dur, dur…
 
 
 

Quelques conseils pour affronter les éléments séduisants ou terrifiants de l’Islande :

 
Attention nature primaire, fascinante mais imprévisible. Suivre les conseils et les panneaux de sécurité sur chaque site touristique.
Se munir de bonnes chaussures de marche, d'un coupe-vent et de polaire (le temps vire en un instant). La proximité avec les grands centres urbains européens ou nord-américains rend la destination accessible à trois ou quatre heures maximum, mais n’oubliez pas que les conditions sont équivalentes à la moyenne ou haute montagne.
 
De nombreux guides indépendants et des agences locales proposent des sorties accompagnées instructives, originales, conviviales et surtout sécurisées. Bons guides francophones en Islande (comme Jens Ruminy, Séverine Pech - alias Sigurlina- ainsi que Jean-Marc Plessis et Harpa Barkardottir dont on a pu apprécier le professionnalisme pendant notre reportage).
 
 
 
Les prix des vols pour l’Islande sont souvent attractifs (notamment Icelandair) mais attention, sur place, les tarifs restent élevés. L’Islande est l’un des pays les plus chers au monde, et ce malgré la crise financière qui a entraîné une dévaluation de la couronne islandaise. Les hébergements en auberge de jeunesse sont beaucoup plus abordables. Pour manger, les supermarchés sont souvent une solution pour faire des économies. Même les fast-foods aux enseignes mondialement connues pratiquent des prix qui font bondir quand on vient de l’Europe continentale. L’alcool est très cher. Mais en préparant bien son séjour et en trouvant des offres promotionnelles, on peut s’en tirer aussi bien que pour un week-end dans une grande capitale.
 
Le Guide du Routard - Islande, publié par Hachette, est bien adapté à une virée pour un week-end autour de Reykjavik.
 
Pour tout renseignement sur un séjour en Islande, jetez un œil au site de l’Office National du Tourisme ou à celui de Reykjavik.
 
Reportage et page Internet réalisée avec Alexia Gaillard.
 
(Photos : Alexia Gaillard, Solène Duclos, Iceland Tourist Board)