Voyager est un art pluriel. Chacun le conçoit avec ses propres images, ses propres rêves, ses propres attentes. Il y a un monde entre un « voyage organisé » et une longue pérégrination solitaire. Un monde qu’on tente de réunir en proposant à nos auditeurs, lecteurs et internautes de partir avec nous sur des chemins de cultures, de découvertes, de rencontres... Sans à priori, curieux et avides de partage pour mieux connaître la planète. On trouve ici nos émissions, des bonus, nos humeurs, des photos, des films... un simple rendez-vous des voyageurs! NOUS ECRIRE
21 janv. 2011 - 21:10
Dublin, fraternelle et fière d’être irlandaise
Tendrement conviviale, vivante, paisible et pourtant dynamique, jeune aussi, cette capitale a bien changé depuis vingt ans. Sous l’allure du « tigre celtique » ou en pleine crise, elle entretient son identité unique et ses rencontres chaleureuses. Dublin mérite donc bien un long week-end.
Que ce soit le boom économique qu’a connu la capitale irlandaise ces dix dernières années ou la grave crise économique et institutionnelle qu’elle traverse actuellement, la ville et son agglomération –fortes de plus d’un million d’habitants- cultivent toujours la douceur de vivre et les traditions populaires irlandaises. Les Dublinois sont accrochés à leurs icônes nationales et aiment les faire partager.
Ecoutez aussi (ou téléchargez) les deux émissions que nous avons consacré à la destination :
1.Dublin, l’art de vivre irlandais a conquis l’Europe (téléchargement)
2. Histoire, art et traditions, Dublin éternellement irlandaise (téléchargement)
Une capitale européenne à taille humaine…
A peine arrivé à Dublin, on est tenté de flâner le long de la rivière Liffey qui traverse la ville d’Est en Ouest et partage le centre équitablement en deux.
En se perdant dans les ruelles de la vieille ville à Temple Bar ou à l’ombre de Trinity College, on adopte tout de suite le rythme tranquille de la ville.
Les rencontres et les discussions s’engagent sans peine, dans un bus ou un taxi, au pub ou dans un parc.
Rien qu’en y restant deux ou trois jours, on prend rapidement ses repères et on croise facilement les mêmes personnes. Et si on se sentait vite comme à la maison ?
Les vastes et magnifiques parcs de Saint Stephens green ou Phoenix park confèrent également à Dublin une allure romantique et reposante.
L'élégance de la ville participe aussi au charme du week-end.
Si le pub demeure une institution en Irlande, les Dublinois ont cependant cédé à la tentation du capuccino en terrasse (bien plus saine pour le corps et l’esprit que la bière en pintes ;-).
Il faut faire un petit tour autour de Grafton Street, non loin du Gaiety Theatre, pour profiter de l’ambiance de cette nouvelle mode des cafés dublinois.
Au-delà des offres d’emploi dans le secteur numérique, les services ou la communication, c’est aussi ce cadre et cette qualité de vie qui ont attiré de nombreux jeunes européens à Dublin depuis les années 90 - avec la crise, le mouvement inverse est déjà amorcé :-(
Un vrai livre d’histoire
Où que vous alliez à Dublin, l’histoire vous rattrape, vous emmène et vous saisit.
Des Vikings aux Celtes, en passant par les Anglo-normands du Moyen-âge ou les Anglais de l’époque géorgienne et victorienne, la ville regorge de monuments, musées, statues et autres plaques commémoratives retraçant l’histoire mouvementée et souvent douloureuse du pays.
Le Trinity College accueille des étudiants depuis 1592. Son enclos est une parenthèse de quiétude en pleine ville.
On vient y admirer la Long Room, immense bibliothèque de 64 m de long décorée au XVIIIème siècle et surtout le livre de Kells.
Ce manuscrit enluminé est un des plus précieux au monde. Datant des VIIIème ou IXème siècles, ses illustrations conservent une étonnante fraîcheur. Toute l’année, des dizaines de milliers de visiteurs se pressent pour contempler ce chef d’œuvre qu’on aimerait cependant pouvoir découvrir dans l’intimité.
Dans la cité médiévale, le Dublin Castle, érigé par les Anglo-normands au XIIIème siècle et remanié au XVIIème, symbolise la domination britannique. On peut notamment visiter les appartements d’état.
Le musée National conserve de rares et magnifiques objets vikings, celtes ou anglo-normands comme la Croix de Cong ou la Broche de Tara.
Fondée sur un site où le saint-patron irlandais aurait donné le baptême, la cathédrale Saint-Patrick est un austère et majestueux édifice du XIIIème siècle. Elle abrite de nombreux souvenirs de l’histoire irlandaise. Elle raconte aussi un certain muticonfessionnalisme chrétien car protestants et catholiques peuvent y prier. L’intérieur du sanctuaire est un véritable bric-à-brac d’objets, statues, tableaux, armures et tombeaux…
Suivons Mary, une guide locale, dans la cathédrale :
Merrion Square sert d’écrin aux maisons géorgiennes qui font la renommée de Dublin. Chaque bâtiment de briques rouges se différencie par sa porte, néoclassique et colorée.
Cette place ombragée fut l’adresse des écrivains irlandais William Butler Yeates et Oscar Wilde.
Pour bien comprendre l’histoire de l’indépendance (chèrement acquise en décembre 1921), il faut aller visiter la Kilmanhaim Gaol.
Cette prison bâtie en 1796 et remodelée à l’époque victorienne a abrité les principaux leaders des différentes rébellions contre le joug britannique. C’est aussi ici qu’ils ont été exécutés. Ces lieux, encore empreints de gravité, permettent de saisir l’importance de la résistance irlandaise et la cruauté de la répression.
Un des endroits les plus chargés d’histoire reste la cour des tailleurs de pierre que Rosemary, une guide de la prison, nous fait visiter :
Rock around the pubs…
Pub signifie « public house », un lieu pour tous. C’est tellement vrai à Dublin ! Tout le monde, quelque soit sa classe sociale ou son âge, s’y retrouve sans fard ni chi-chi. Les quelques 800 pubs de la ville sont les véritables institutions de Dublin.
On vient y expérimenter le fameux « craic » irlandais, cette bonne humeur et ce bon temps partagé ensemble… autour d’une pinte de bière ou d’un verre de whisky (quand ce n’est pas devant les deux à la fois comme on peut le voir parfois).
Du pub traditionnel au néo-pub, il y en a pour tous les goûts.
L’épicentre de la vie nocturne, un verre à la main, se trouve à Temple Bar.
Une virée au pub peut difficilement se concevoir sans musique avec ses « bands » qui jouent fort et live juste devant vous.
Notre top-ten pour un week-end réussi :
- Stagheads, le plus vieux pub de la ville, très élégant, victorien en diable.
- Old stand, victorien, très chic et lié aux écrivains irlandais.
- Cobblestone, au Nord de Dublin, pub populaire. Pour la musique traditionnelle.
- Mulligans, un des plus célèbres, fondé en 1782, décor victorien, connu pour servir la meilleure pinte de Guinness de la ville.
- Mezz, musique pop-rock et open-sessions dans une ambiance garage et djeun’.
- The Church, emblématique de la tendance néo-pub, dans une église ( !), bar-restaurant-discothèque-café.
- Temple Bar Pub, au coeur de Temple Bar, un incontournable, musique en tout genre et à toute heure.
- Grogans, vieux pub dans le centre, pour son ambiance littéraire et musicale.
- Oliver St John Gogarty, le repère de la musique traditionnelle, bar à touristes mais bonne musique.
- The Bank, néo-pub, dans une ancienne banque. Décor décalé et impressionnant.
Dublin propose des visites guidées thématiques en anglais dans les pubs autour des écrivains irlandais ou de la musique (rock ou traditionnelle) avec de vrais musiciens.
Populaire et fière de l’être
C’est indéniable, Dublin s’est embourgeoisé. Mais certains quartiers du centre-ville gardent encore leur visage populaire.
Celui autour du Liberty Market est particulièrement emblématique. Il fut de tous temps un quartier ouvrier et mélange aujourd’hui les Irlandais modestes aux immigrants polonais, africains ou russes arrivés récemment.
Ambiance cosmopolite et magasins bons marchés.
Quelque soit ses revenus, le Dublinois n’oublie pas ses racines populaires et les difficiles moments traversés par ses ancêtres (grande famine, émigration, lutte pour l’indépendance …). Ces épreuves ont soudé les Irlandais autour d’une identité singulière qui se reflète dans des traditions et des icônes bien vivantes.
La Guinness est brandie à bout de pinte comme un drapeau national !
Cette bière brune et âpre, à la mousse onctueuse a été commercialisée par Sir Arthur Guinness dès le milieu du XVIIIème siècle.
L’histoire de cette bière, son impact sur la société irlandaise et le destin de la dynastie Guinness sont racontés à la Guinness Storehouse.
C’est la plus grande attraction de la ville (recevant un million de visiteurs par an). Elle est installée sur le site d’origine, dans la vieille brasserie datant de 1904.
Au-delà de l’usine à touristes, du bruit, de la promotion du produit et des effets multimédia tape-à-l’œil, la visite vaut le détour pour le Gravity Bar perché à 43 mètres au-dessus de Dublin. C’est une expérience en soi avec vue imprenable sur la ville.
Si l’identité irlandaise se décline à tous les coins de rue à travers les trèfles, les farfadets et les harpes, elle vibre surtout autour de sports typiquement nationaux.
Allez découvrir l’ambiance authentique des bookmakers et des courses de lévrier à Shelbourne park.
Vivez la ferveur du football gaélique (un quart foot, un quart rugby, un quart basket, un quart volley …) à Croke Park.
Remontez au plus profond de l’histoire irlandaise avec le hurling (un genre de hockey sur gazon). On retrouve les premières traces de ce sport dans les manuscrits des moines irlandais des VIIème et VIIIème siècles.
Dublin, ville d’art et d’essais
La Hugh Lane Municipal Gallery of Modern Art possède un chef d’œuvre peu connu, unique au monde et incroyable : l’atelier de Francis Bacon.
Né à Dublin en 1909 de parents britanniques, Francis Bacon a fait toute sa carrière à Londres et en France mais c’est dans sa ville natale qu’un des plus grands témoignages de sa ferveur créatrice est conservé.
Ce terrifiant fatras, rempli de détritus, d’objets mis au rebus et de d’amas de peinture reflète le chaos intérieur de l’artiste. L’atelier, transporté cm2 par cm2 de Londres, est certainement une des plus saisissantes surprises d’un week-end à Dublin.
Toujours du côté de l’art contemporain, on peut découvrir le travail des artistes irlandais d’aujourd’hui a l'IMMA (Irish Museum of Modern Art). Il est installé dans l’ancien Royal Kilmainham Hospital datant du XVIIème siècle (à deux pas de la célèbre prison).
Cette balade dans les arts de notre époque peut se prolonger à la Dublin Gallery of photography (belles expositions de photographes contemporains à voir dans un bâtiment minimaliste) ou à l’Irish Film Institute (projections, archives, expos, café).
Impossible de parcourir Dublin sans croiser le chemin des écrivains. L’Irlande compte pas moins de 4 prix Nobel de littérature et sa capitale a de tous temps inspiré les plus grands poètes et romanciers irlandais.
James Joyce y a planté l’histoire de son chef d’œuvre « Ulysse ». Chaque année, durant le Bloomsday, les Dublinois rendent hommage au anti-héros du livre, Léopold Bloom.
Dublin conserve aussi des souvenirs de Yeats, Shaw, Wilde, Beckett, Swift… Et l’Irlandais de la rue porte également en lui cet amour des mots. On le vérifie dans toutes les conversations, notamment au pub.
Dublin, le celtic tiger
En moins de 20 ans, la capitale irlandaise est passée d’une des villes les plus pauvres d’Europe à l’une des plus prospères (jusqu’à la crise et la grave faillite institutionnelle actuelle).
Jusqu’en 2008, Dublin a vécu au rythme frénétique des chantiers cherchant à imposer un nouveau visage contemporain.
Il est visible aujourd’hui dans le quartier des Docklands (près du vieux port et au bord de la Liffey) : nouveau théâtre, pont profilé, centres d’affaires, cafés, restaurants, gigantesque arena O2…
Mary, notre guide, nous balade dans les Docklands :
Sous les pavés, la plage…
Quelques minutes en DART ( le train de l’Est qui longe la baie de Dublin) et hop, vous voilà déjà loin de la ville, au bord de la mer d’Irlande, à Howth et Dun Laoghaire.
Dépaysement garanti entre petit port de pêche, cité balnéaire au charme surannée, parfum de méditerranée (grâce aux palmiers) et promenade familiale.
Infos pratiques
Dublin est facilement accessible en avion grâce aux nombreux vols low cost (qui mènent une concurrence acharnée aux compagnies nationales comme Aer Lingus ou Air France).
On peut préparer son voyage grâce au site de l’Office du Tourisme de Dublin (attention en anglais uniquement !) ou par l’intermédiaire de celui de l’Office du Tourisme d’Irlande (en français cette fois. Très complet et actualisé).
Yolaine Maillet, une française expatriée à Dublin, s’efforce dans son blog "Irlande vue de Dublin" de faire comprendre la société irlandaise avec un regard curieux et tendre.
Les adresses de Céline (notre reportrice à Dublin) :
Silk Road Café, très bonne cuisine méditerranéenne sous la verrière lumineuse et contemporaine de la Chester beatty library.
Queen of tarts, salon de thé-restaurant. Pour les cupcakes et tartes de grand-mères. Dans Temple Bar.
The Clarence, l’élégant hôtel de Bono et The edge du groupe U2.
The Loft Market, au Powers Court Center. Pour dénicher les nouveautés des jeunes créateurs et designers irlandais.
Les amateurs-trices de vintage et de fripes iront au très victorien marché couvert de Georges Street Arcade.
Page réalisée avec Céline Develay-Mazurelle
Photos : Céline Develay-Mazurelle
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L’Ennedi un des joyaux du Nord Tchadien
1 Comments
Super article!!! En le lisant, je suis retombée amoureuse de Dublin!!! Merci! En voyant les suggestions sur les pubs et restaurants, je me suis dit que j'aurais dit la même chose et puis je me suis mise à en ajouter plein d'autres tellement la ville regorge de lieux sympas!!! :-)
La crise est là, comme dans tous les pays européens mais c'est bien cette bonne humeur et cette fatalité irlandaise qui les rend si charmant! Everything is just grand here :-)
Merci pour cet article!
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