Voyager est un art pluriel. Chacun le conçoit avec ses propres images, ses propres rêves, ses propres attentes. Il y a un monde entre un « voyage organisé » et une longue pérégrination solitaire. Un monde qu’on tente de réunir en proposant à nos auditeurs, lecteurs et internautes de partir avec nous sur des chemins de cultures, de découvertes, de rencontres... Sans à priori, curieux et avides de partage pour mieux connaître la planète. On trouve ici nos émissions, des bonus, nos humeurs, des photos, des films... un simple rendez-vous des voyageurs! NOUS ECRIRE
Genève, l'Africaine
Depuis plus de 50 ans, l’Afrique s’invite à Genève. Forte d'une longue tradition d'accueil, la deuxième ville de Suisse célèbre, à travers ses musées mais aussi ses sièges de grandes institutions internationales, la vitalité et la richesse du continent noir. Un métissage que l’on retrouve aussi dans les lieux communautaires et les quartiers de la ville investis par les Africains de Genève.
Véritable capitale culturelle, Genève consacre plus d’un 1/5 de son budget à la culture. Soit 200 millions d’euros en 2013. Si le rayonnement culturel de la ville est moindre qu’à Zurich, Lausanne ou Bâle (où se tient par exemple chaque année Art Basel, la plus prestigieuse foire internationale d’art contemporain au monde), Genève se distingue de plus en plus comme une ville d'art et de culture.
Preuve en est, la réouverture en octobre 2014 du Musée d'Ethnographie de Genève: le MEG.
Après quatre ans de travaux, ce musée à la façade ultra-moderne tout en losange est un geste architectural fort dans le quartier des Bains où il se situe. Sur plus de 2000 m2, la collection permanente du MEG, "les archives de la diversité humaine", s'organise en zones géographiques et donne à voir plus d'un millier d'objets issus des cinq continents. Le continent africain n'est pas en reste et de merveilleuses pièces provenant du Congo, d'Afrique du Sud en passant par la Côte d'Ivoire y sont exposés. Au delà de la richesse et de la sophistication des objets, on y perçoit bien à quel point les genevois s'inscrivent dans une longue tradition de voyage à travers le monde. Qu'ils soient aventuriers, explorateurs, marchands, fonctionnaires en poste dans les colonies ou missionnaires, tous ont rapporté des œuvres du monde entier.
Aujourd'hui exposés dans un vaste espace muséal à la fois moderne et intime, ces pièces ramenées de Bornéo, du Gabon, d’Alaska ou de Nouvelle-Zélande racontent le quotidien et les rites des peuples dont elles sont issues.
Le nouveau MEG se déploie sur 5 étages depuis ses sous-sols et le 2e étage abrite une bibliothèque spécialisée en anthropologie sociale et culturelle. Ce temple du savoir abrite plus de 50 000 documents dont 5000 environ sont en accès libre. N'hésitez pas à vous perdre dans les rayons Afrique de cette bibliothèque nichée dans le faîte du toit. Avec ses lucarnes en losange et son décor minimaliste, le lieu est idéal pour étudier et se plonger sur les richesses culturelles du continent. On y retrouve aussi un curieux salon de musique où plus de 16 000 heures d'enregistrement de musiques de monde sont en écoute libre au casque!
En 2014, la création contemporaine africaine était aussi à l'honneur à Genève. Jusqu’en juillet de cette année, le Château de Penthes a ainsi acceuilli l'exposition temporaire « Here Africa ». Imaginée en partenariat avec l’ONG Art of the World, elle a réuni plus de 70 œuvres de 24 artistes issus de 17 pays africains. Parmi eux, on retrouvait surtout des grands noms, déjà reconnus et côtés sur le marché de l’art.
Entre les clichés noir et blanc du Malien Malick Sidibé, ceux en couleur du Sud-Africain Pieter Hugo, les toiles figuratives et colorées du Congolais Chéri Samba, un court métrage engagé du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, l’Afrique d’aujourd’hui s’est révélée engagée, concernée, pétrie de poésie et de modernité. En un mot : contemporaine.
Parmi la liste de ces artistes invités, on pouvait aussi découvrir de jeunes talents africains comme Omar Bâ, un artiste peintre sénégalais, installé à Genève depuis 10 ans. Suivez nous dans son atelier situé près du grand théâtre de Genève :
Le château de Penthes qui a accueilli cette exposition « Here Africa » abrite d’habitude un étonnant musée : celui des Suisses dans le Monde. Ce lieu raconte les trajectoires inédites de Suisses aventuriers et voyageurs, depuis le XIIIe siècle à travers la planète.
Anselm Zurfluh nous présente le musée qu’il dirige et nous raconte le curieux destin africain d’un missionnaire suisse :
Si les Genevois ont beaucoup voyagé, ils ont aussi beaucoup et très tôt collectionné. Ainsi, en plus du MEG, une autre collection, privée cette fois, invite le voyageur à prolonger la découverte des arts premiers. C'est le musée Barbier-Mueller. Au cœur de la vieille ville, sur trois étages, on y découvre l’une des plus prestigieuses collections privées d’art africain du monde. La section africaine de ce musée des arts premiers comporte de nombreuses statuettes votives, des pendentifs anthropomorphes mais aussi des masques, boucliers, pendentifs ou ornements corporels. En visite dans ce musée, ce qui frappe au-delà de la richesse de cette collection (qui comporte plus de 7000 pièces), c’est le caractère intime des espaces mais aussi des pièces présentées.
On y devine ainsi l’histoire et la passion de Josef Mueller, qui a démarré sa collection en 1907. A l’époque, les occidentaux ne voyaient dans ces statuettes que de simples fétiches façonnés pour animer des rituels de « sauvages ». Les peintres cubistes vont être sensibles à cet art pour leur reconnaître justement le statut d’œuvre d’art. Influencé par cette pensée, Josef Mueller va très vite être fasciné par la beauté primitive des sculptures ou des masques en bois, souvent très expressifs et émouvants. Aujourd’hui, c’est son gendre, Jean-Paul Barbier Mueller qui poursuit la collection et l’œuvre de son beau père.
Ecoutez le ici :
Ouvert en 1977, ce musée, au-delà de la qualité esthétique de sa collection, permet de découvrir aussi l’utilité sociale des pièces. Elles témoignent en effet de la vie quotidienne, des corps de métier, des croyances et des pratiques spirituelles, des arts de la guerre et de la chasse : tout ce qui constitue en somme l’identité des peuples qui les ont façonnés.
A Genève, il existe tout un tas d’évènements culturels où l’Afrique est à l’honneur. Parmi eux, le festival Tambour battant ou encore le festival du film Black Movie. Par ailleurs, l’édition 2014 du Salon du livre de Genève et de la Presse a mis l’accent sur la littérature africaine.
Depuis deux ans, la ville accueille également des entrepreneurs venus de toute l’Afrique au moment de l’Africa CEO Forum. C’est un rendez-vous incontournable pour les hommes d’affaires africains. En 2014, il a attiré pas moins de 600 chefs d’entreprises venus de 60 pays différents autour de la question de la compétitivité africaine.
Une autre "catégorie" d’Africains a su tirer parti des nombreux avantages qu’offre Genève, mais cette fois de façon totalement illégale et scandaleuse : ce sont les dictateurs et les élites politiques malhonnêtes. En effet, il est de notoriété publique que la Suisse, Genève en tête, forte de son secret bancaire, est une place financière de choix pour les étrangers qui cherchent à y dissimuler leur fortune. Or bien souvent, c’est au décès de ces hommes forts que la vérité de leurs coffres-forts éclate au grand jour. Ce fut le cas pour Mobutu, ex-président de la République Démocratique du Congo, dont on a retrouvé plus de 4 milliards de dollars dans les banques suisses.
Aujourd’hui, selon les statistiques de la Banque Nationale Suisse, plus de 1800 milliards d’euros provenant de l’étranger dorment dans les banques helvétiques. Parmi cette somme astronomique, combien proviennent d’Afrique ? Actuellement, ce secret bancaire, jusque-là inviolable, commence à subir de sérieuses entailles, en particulier depuis que la Suisse s’est engagé avec Singapour, le 6 mai 2014, à se diriger vers le système d’échange de renseignement bancaire automatique à des fins fiscale.
De grandes conventions internationales ont été signées à Genève. Les plus importantes à ce jour, restent celles qui définissent les règles de protection des personnes en cas de conflit armé. Ces traités internationaux furent signés en 1949 dans la salle Alabama de l’Hôtel de ville, au cœur de la vieille ville.
Aujourd’hui il existe plus d’une cinquantaine d’organisations internationales implantées à Genève. Pour les voir, direction les parcs de la rive droite ! Beaucoup d’entre elles dépendent directement des Nations Unies, comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ou le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR).17 000 fonctionnaires étrangers travaillent dans ces organisations internationales, transformant ainsi le quartier en une véritable fourmilière multiculturelle et polyglotte. Une vraie ville internationale dans la ville !
Si Genève est devenu un haut lieu de la diplomatie internationale, c’est notamment en raison du principe de neutralité qui régit le pays depuis 1815. L'autre raison tient au fait que Genève a accueilli la Société des Nations (SDN), crée en 1919 pour préserver la paix en Europe. Mis en échec par la seconde guerre mondiale, la SDN a été supplantée par l’ONU en 1945, dans le même palais des Nations. Aujourd’hui, plus de 190 drapeaux des pays représentés à l’ONU flottent devant l’esplanade du palais. Aujourd'hui, il est possible de visiter ce palais des Nations avec un guide, en quinze langues différentes !
Ecoutez Maria Kaneda, guide à l’office du tourisme de Genève sur l’origine du CICR :
Parmi elles, deux adresses incontournables : l’Africa Food et l’Afrikana qui ont été les premières à s’installer dans le quartier. Les Africains de Genève s’y retrouvent pour faire leurs courses aux Pâquis. C'est aussi le seul endroit où l'on peut trouver des tissus pagnes, des rajouts pour faire des tresses, des bananes plantins ou des crèmes hydratantes appropriées aux peaux noires.
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