La grande Histoire du ski

Loisir favori des Français, discipline reine des Jeux Olympiques d’Hiver, fleuron du tourisme hexagonal, le ski, en moins de 50 ans, a bouleversé le visage et l’économie de nos montagnes. Dans les Alpes françaises, les terres de pâturages ont fait place à des stations entièrement dédiées à la glisse. Bien que récente, cette histoire déterminante pour les skieurs comme pour les montagnards se raconte en Isère au quotidien, mais aussi au musée Dauphinois de Grenoble.

L’épais tapis de neige qui recouvre les Alpes dauphinoises garde en mémoire toutes les périodes de l’histoire du ski. Ici, les villages traditionnels côtoient les barres d’immeubles en béton construites dans les années 60.

Il faut accueillir tous les vacanciers convertis à ce sport devenu en moins de 50 ans un loisir populaire. Les fils et filles d’agriculteurs sont désormais moniteurs ou loueurs de matériel. Les remontées mécaniques ont fleuri comme des pâquerettes et les domaines skiables ont achevé de façonner la montagne. L’Or blanc est né. Une industrie et un loisir aussi.
Retour sur cette formidable aventure, des origines nordiques du ski, en passant par les vastes plans d’aménagement et les Jeux Olympiques…

Ecoutez ou téléchargez l’émission que nous avons réalisée sur la grande histoire du ski en Isère :

Aux origines du ski : le Grand Nord
Le ski à l’assaut des Alpes françaises
Le ski est un loisir, la montagne son terrain de jeu
Le virage des JO de Grenoble de 1968
Quel avenir pour le ski ?  
Informations pratiques

Aux origines du ski : le Grand Nord

Le ski ne fut longtemps qu’un simple moyen de transport. De la mer Baltique à la Sibérie Orientale, de nombreux peuples se sont déplacés dès la Préhistoire, au moyen de ces drôles de planches de bois. Ainsi, ils chassaient, luttaient, élevaient leurs rennes plus facilement.

Le Musée Dauphinois de Grenoble, situé dans l'ancien couvent de Sainte-Marie d'en Haut, présente une exposition permanente sur l’histoire du ski. On y trouve des copies de gravures rupestres norvégiennes datant de 4 000 ans, qui illustrent les premiers sillons dans la neige. On y découvre également certains modèles de skis de l’Antiquité. Raquettes et traîneaux complètent le tableau de l’équipement d’antan.

A l’époque, les skis sont en bois, très longs et très larges, aux accroches rustiques faites de lanières et de chaussures en vannerie. Sous les skis, des peaux de phoques permettent d’adhérer à la pente pendant les montées.

Au XIXème siècle, le ski se popularise, d’abord en Scandinavie. L’évènement qui fera se passionner l’Europe pour cette nouvelle activité, c’est la fameuse traversée du Groenland par le grand explorateur norvégien, Fridtjof Nansen, en 1888, skis aux pieds. Débute alors en France l’aventure sur ces intrigantes planches glissantes.

Le ski à l'assaut des Alpes françaises

Dans les Alpes françaises, c’est l’alpiniste Henri Duhamel qui est le premier à se lancer sur des skis. Ce sportif chevronné se procure une paire de ces étranges patins sur le stand suédois de l’Exposition universelle de 1878 mais il met longtemps à en comprendre le fonctionnement.« Je me trouvais aussi embarrassé d’en tirer profit qu’une carpe peut l’être d’une pomme », dira-t-il.

Il s’essaie néanmoins à cette nouvelle discipline sur les pistes de Chamrousse. Malgré quelques chutes arrêtées par les grands sapins isérois, il décide de se procurer une douzaine de paires de skis qu’il va distribuer à ses amis. Le Ski-Club de Grenoble naîtra en 1895.

Au-delà de cette initiative locale, ce sont les militaires et plus précisément les chasseurs alpins qui introduisent véritablement la pratique du ski dans les Alpes. Avant la Première Guerre mondiale, tous les moyens sont bons pour rendre les corps d’armée plus performants.

En 1900, le capitaine Clerc est le premier officier à équiper et former ses soldats au ski sur ses propres deniers.
L’expérience est si concluante que le Ministère français de la Guerre crée à Briançon, en 1903, la première Ecole de Ski Français, où plus de 5 000 militaires seront formés jusqu’en 1914, instruits par des Scandinaves.

Par la suite, incités par l’armée à devenir « des apôtres du ski » dans leurs propres villages, de jeunes militaires enseignent bénévolement, à l’issue de leur service militaire, cette nouvelle discipline. Peu à peu, médecins et postiers font leurs tournées à ski, et les enfants vont à l’école en glissant.

L’engouement pour le ski se confirme lors du premier concours international de ski alpin, organisé conjointement par les militaires et le Club Alpin Français, le 9 février 1907 à Montgenèvre. Plus de 3 000 militaires, civils, spectateurs et journalistes vont participer à l’événement. Le ski n’est alors plus un simple moyen de locomotion, il devient un jeu, un sport, mais aussi un phénomène de mode.

Le ski est un loisir, la montagne son terrain de jeu

Les tout premiers skieurs « civils » commencent à fréquenter les pentes enneigées dès le début du XXème siècle, et les premières compétitions s’organisent. En 1924, se tiennent à Chamonix Mont- Blanc les premiers Jeux Olympiques d’Hiver, sous cette dénomination. En Isère, on s’attaque au sommet de la Croix de Chamrousse comme au Signal de l’Alpe d’Huez.

Les villageois regardent cette pratique d’un œil curieux tandis que les enfants s’amusent à se confectionner eux-mêmes leurs petites planches de ski. Mais ce sont surtout les bourgeois, les industriels et les familles aisées de la vallée qui vont réellement s’en emparer. Pendant l’Entre-deux-guerres, les belles dames n’hésitent pas à chausser ces nouveaux patins sans pour autant se défaire de leurs robes, et les premiers hôtels se construisent.

La pratique reste néanmoins très éprouvante car les remontées mécaniques n’existent pas encore. Les pistes se remontent à pied ou à skis avec des peaux de chamois placées sous le patin. Les adeptes ne font souvent qu’une descente par jour !

En Isère, Jean Pomagalski, ingénieur-mécanicien d’origine polonaise, imagine, en 1935, le premier système de remontée mécanique avec poulies, câbles et perches. Le téléski, ou « tire-fesse » est né ! Le premier est installé sur la butte de l’Eclose à l’Alpe d’Huez.


L’invention va conquérir peu à peu la montagne qui lentement se construit. Les premiers aménagements débutent dans les villages de montagne qui se transforment peu à peu en stations de première génération. Victimes de l’exode rural, ces villages dépeuplés retrouvent alors un nouvel essor économique, et les gens commencent à affluer depuis les vallées pour s’inventer une nouvelle vie grâce au ski.

Ecoutez Patrice Goy, dont les parents ont fondé le restaurant l’Ecureuil à Chamrousse:

Les grandes compétitions sportives comme les Jeux Olympiques d’Hiver de Grenoble de 1968 vont impulser une transformation sans précédent des hautes vallées iséroises.

Le virage des JO de Grenoble de 1968

Avant ce grand évènement sportif, des amoureux et visionnaires de la montagne, les ingénieurs et architectes savoyards Maurice Michaud et Laurent Chappis, avaient déjà rêvé à de nouvelles infrastructures modernes entièrement dédiées aux sports d’hiver.

Ils seront les premiers à aménager dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, une station de toutes pièces, en terre vierge.

C’est la station de Courchevel, sortie de terre en 1946. Ce modèle incitera l’Etat à lancer un plan d’aménagement de la montagne en 1964 : le Plan neige. A l’époque, on sait déjà que la ville de Grenoble a décroché les J.O qui auront lieu quatre ans plus tard. L’impact régional sera sans précédent. On est aussi au cœur de la période des grands chantiers nationaux.

De vastes espaces vierges seront investis pour y bâtir des stations de deuxième génération. On construit des routes, on exproprie, on propose des mesures fiscales incitatives, on choisit des terrains favorables avec à la fois des pentes douces pour les débutants et des coins plus abruptes pour les confirmés. On sculpte la montagne, on dessine des pistes de skis, on installe des télésièges, des télécabines. Et l’on construit les mêmes immeubles qu’en ville…

Les Jeux Olympiques de 1968 organisés à Grenoble donnent à ce phénomène de société une portée internationale. A partir de là, les stations de ski font le plein à chaque hiver. Jusqu’alors réservé à une élite, le ski se démocratise et devient à la mode. L’industrie de l’Or blanc bat son plein et les prix flambent. Aujourd’hui encore, les locations saisonnières d’appartement demeurent chères et le ski en lui-même aussi. Surtout si l’on part en famille…

Les stations vivent au rythme des arrivées de vacanciers. Comme par exemple à Chamrousse où la population actuelle passe de 450 personnes l’été à 12 000 pendant la haute saison. Les travailleurs saisonniers endossent les casquettes de moniteurs de ski, agents aux remontées mécaniques, employés dans la restauration et l’hôtellerie. La population locale s’est, bien-sûr, aussi lancée dans cette industrie toute puissante du ski.

Ecoutez Cécile Masson, monitrice de ski à l’Ecole de Ski Français qui possède aussi la chambre d’hôtes "L’étape du Fanfoué à Chamrousse".

Quel avenir pour le ski ?  

Selon l’organisation professionnelle « Domaine skiable de France », la France est la première destination mondiale pour le ski devant les Etats-Unis et l’Autriche. Avec un budget de 7 milliards d’Euros, c’est une économie massive qui n’en reste pas moins fragile, en partie à cause des nouveaux défis, notamment météorologiques, auxquels les stations de sport d’hiver doivent faire face.

Le climat est le premier facteur de risque. Depuis 1958, la température moyenne a augmenté de deux degrés dans les Alpes. Pour les stations de ski de faible altitude (moins de 2000 mètres), encore traumatisées par le très faible enneigement des années fin 90, le réchauffement climatique pourrait avoir des conséquences économiques dramatiques.

Pour pallier à cette insécurité, la plupart des stations se sont équipées d’enneigeurs (aussi appelés « canons à neige ») qui produisent de la neige de culture saupoudrée depuis les chenillettes, des engins mécaniques spécialement conçus pour les terrains neigeux.

Ecoutez Christian Reverbel, directeur des pistes de l’Alpe d’Huez au sujet de la fabrication de cette neige.

En plus des aléas climatiques, les avalanches sont les bêtes noires des stations de ski. Les équipes de pisteurs-secouristes, présentes dans chaque station, partent au petit matin déclencher des avalanches en prévention.

Ecoutez Manu Siega, chef des pisteurs au domaine de ski de Chamrousse.

L’autre défi majeur des stations de ski de demain réside dans leur intégration à l’environnement naturel. L’hyper-construction des années 60 a marqué les esprits. Des porte-paroles de l’environnement accusent certaines stations d’avoir enlaidi la montagne en bâtissant de véritables « usines à ski », avec leurs barres de béton hautes de dizaines d’étages.

Aujourd’hui, on porte une attention particulière à l’architecture extérieure. Les nouvelles habitations dont on camoufle le béton par de jolies planches de bois cherchent à mieux s’intégrer aux paysages alpins, comme à l’Alpe d’Huez.

La tendance est aussi à « déferrailler », à retirer des pistes les remontées mécaniques obsolètes et à les remplacer par de plus performantes et plus discrètes.

Autre composante actuelle dans l’évolution de l’histoire du ski : la demande des vacanciers qui a changée. On skie moins qu’il y a 20 ans, en moyenne seulement 4h par jour, et l’on accorde davantage d’importance à la détente et à la montagne.

Certaines stations de sports d’hiver ont déjà transformé la « destination ski » en « destination montagne ». Elles misent aussi sur de nouveaux loisirs: luge, motoneige, bouées, raquettes, spas, etc.


Le ski de demain, ski sans neige ? On en est encore loin. Et à écouter les fans de glisse parler des sensations uniques et indélébiles du ski, ce loisir a encore de beaux jours devant lui !

 
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-Pour en savoir plus sur l’exposition du Musée Dauphinois.
 
 
Page réalisée avec Alice Milot, Marjorie Philibert et Céline Develay-Mazurelle 

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