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Cracovie est une perle méconnue. L’ancienne capitale de la Pologne possède un des plus beaux ensembles patrimoniaux d’Europe. Eglises, maisons et palais –du Moyen-Âge à l’Art Nouveau- mélangent élégamment leurs styles.

Contrairement à ses cousines Varsovie et Gdansk, Cracovie n’a pas subi les outrages de la Seconde Guerre mondiale. On déambule à pied dans une ville intacte. Ses musées renferment des chefs d’œuvre, eux aussi trop discrets. Le tête à tête avec La dame à l’hermine peinte par Léonard de Vinci émeut certainement plus qu’une rencontre avec La Joconde. Dans l’église Notre-Dame, les personnages de bois du retable de Veit Stoss, pièce magistrale du XVème siècle, semblent bouger comme dans un de ces Mystères joué à l’époque médiévale. Au château royal, la qualité et la richesse de la collection de tapisseries anciennes impressionne même les moins sensibles à cet art. Les couleurs vives et les formes ondulantes des vitraux Art Nouveau visibles dans les maisons et les églises rappellent aussi qu’autour de 1900 Cracovie était un centre vibrant de créativité.

Une ville à voir et à écouter

Il n’y a pas que les monuments et les tableaux qui sautent aux yeux du visiteur. Le spectacle de la rue étonne également. Un séminariste en soutane croise une jeune secrétaire court vêtue et un peu trop maquillée. Une grand-mère, un fichu sur la tête, revient du marché pendant qu’une bande d’étudiants décontractés cherchent un café pour discuter. Tout ce monde, ou presque, se retrouve sur les bancs à l’heure de la messe. Ici, comme partout en Pologne, les églises sont pleines. Les cafés aussi. Et quelle diversité dans leur décoration ou leur atmosphère ! Sans conteste, ils arrivent à contenter les 70 000 étudiants de la ville.

Des musiques électro sortent des bars branchés, une pop intimiste enveloppe les cafés bohêmes et les riff de jazz envahissent les clubs aménagés dans des caves plusieurs fois centenaires.

Un air étrange et inachevé de trompette marque les heures. Il est joué aux quatre coins cardinaux du haut du clocher de l’église Notre-Dame, en plein centre-ville : c’est le Hejnal. Ce drôle de carillon rappelle qu’il y a 800 ans un guetteur tenta de prévenir les cracoviens qu’une invasion barbare approchait (mais une flèche ennemie interrompit l’alerte).

Une ville juive

La découverte de Cracovie ne saurait se restreindre à la vieille ville et au souvenir des fastes de la royauté polonaise ou des intenses moments de création artistique.
Juste au-delà des anciens remparts, le quartier de Kazimierz conserve plusieurs synagogues dont certaines datent même du XVIème siècle. Des mezouzot ornent encore les portes des maisons.

L’un des plus grands quartiers juifs du pays est toujours là mais sans ceux qui lui donnaient vie. Ils ont été emportés par l’Holocauste. Plusieurs musées ou expositions racontent ce qu’était cette Pologne multiconfessionnelle d’avant 1939, forte de plus de 3 millions de juifs. Cafés et restaurants déclinent la tradition yiddish. Certains déplorent l’exploitation touristique de cette identité meurtrie mais c’est aussi une manière d’affirmer une présence passée.

L’exploration de l’histoire juive de Cracovie continue au-delà de la Vistule dans le quartier de Podgorze. C’est là que les nazis avaient installé le ghetto de la ville. Sur un des flancs la célèbre usine d’Oskar Schindler est toujours debout, transformée en musée. 

Ville sensitive, romantique, colorée et émouvante, aux accents italiens et viennois par endroits, Cracovie montre mille facettes de la Pologne passée et présente : un pays trop mal connu par le reste des européens.

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