Sur les pas de Van Gogh à Auvers

Eglise Auvers Van Gogh Musée d'OrsayA 30 km au Nord de Paris, des centaines de milliers de visiteurs du monde entier viennent chaque année suivre les 70 derniers jours de Van Gogh dans ce village du Vexin où il est mort tragiquement.
La visite des lieux emblématiques s’accompagne de la découverte d’un beau village typiquement français qui attira aussi d’autres peintres.
Une belle échappée à une heure de la capitale.

Vue d'Auvers vue d'Auvers vue d'Auvers
vue d'Auvers vue d'Auvers vue d'Auvers

Partez d’abord à Auvers en écoutant (ou en téléchargeant) l’émission que nous avons consacré à la destination.

 

Avec ses ruelles pavées étroites, ses solides maisons en pierre, ses petits jardins, son château, ses petits commerces et ses champs lumineux aux alentours, Auvers-sur-Oise a tout du charmant village français comme on l’imagine. Tout en y flânant au rythme de la campagne et des saisons, on suit les pas de Van Gogh et des autres peintres qui y ont séjourné.
Par sa popularité et le côté romanesque de sa vie, Vincent capte avant tout l’attention. Mais Auvers ne se limite pas à Van Gogh…

 


Van Gogh dans un village typiquement français


Les fleurs débordent des jardinières et des clôtures. Les arbustes sont foisonnants, les roses trémières se dressent, altières, le long des maisons : Auvers dégage une atmosphère bucolique qui séduit d’emblée. Certains jardins privés (visibles de la rue) comme celui de Marie-Lorette, 17 rue Eugène Lefebvre, méritent un regard appuyé. C’est dans ce décor qu’on part à la rencontre de Vincent Van Gogh. Il y a passé ses 70 derniers jours et y a peint presque 80 tableaux (sans compter les dessins). 29 de ses toiles sont reproduites à l’endroit même où le célèbre peintre a posé son chevalet. La solide église gothique prend des allures hallucinées et bleues sous son pinceau. Les drapeaux tricolores pavoisent toujours sur la façade de la petite mairie d’opérette. L’Oise, large et tranquille, attire aussi les pas des visiteurs. Il faut réellement être un promeneur à Auvers car on en fait des pas : le village est tout en longueur, coincé entre la rivière et le coteau. Il s’étire sur 7 km.

 

vue d'Auvers vue d'Auvers vue d'Auvers
Eglise d'Auvers Mairie d'Auvers vue d'Auvers

 

L’Office du Tourisme met gratuitement à la disposition des visiteurs des cartes proposant des parcours allant de toiles en toiles (entre une heure et trois heures pour le plus long qui part dans la campagne). Tous passent, bien entendu, par la fameuse église et la Mairie, sans oublier l’incontournable « Champ de blés aux corbeaux » où Vincent Van Gogh a voulu se donner la mort. La visite s’achève naturellement au cimetière qui abrite la tombe du peintre et de son frère Théo, fidèle compagnon et marchand d’art. C’est le point d’orgue du « pèlerinage ».

 

cimetière d'Auvers Tombe des Van Gogh Auvers

 

L’Office de Tourisme propose aussi de très agréables promenades commentées (pas chères, en plus ;-). Pendant 1h30, de passionnants guides suivent les derniers pas de Vincent. Vivement recommandé !

A tout moment, on apprécie la quiétude du village et sa vie « normale ». Auvers-sur-Oise a beau être un haut-lieu du tourisme de masse, le village n’est pas défiguré ou perturbé par des dizaines de magasins de souvenirs kitch.

 

L’auberge Ravoux, dite Maison de Van Gogh


C’est ici que Vincent Van Gogh a passé la fin de sa vie. C’est aussi chambre de Van Gogh Auberge Ravoux Auverslà qu’il y est mort, moins de deux jours après s’être tiré une balle de revolver dans la poitrine. En 1986, le belge Dominique-Charles Janssens a racheté les lieux et les a rénové à l’identique. On peut y voir la minuscule chambre mansardée louée par le peintre. Seule une chaise en bois en occupe le centre…
Au rez-de-chaussée, l’auberge est redevenue un restaurant. Au fond de la salle, la table de Van Gogh attend ceux qui aiment déguster les plats robustes de la cuisine traditionnelle française. Les plus curieux retourneront leur assiette de porcelaine pour découvrir au revers des extraits de la volumineuse correspondante de l’artiste. Suivez-nous quelques instants dans la salle à manger :

 

Auberge Ravoux Auvers

Auberge Ravoux Auvers Auberge Ravoux Auvers

La visite de cet endroit (et en particulier de la chambre) déconcerte plus d’une personne car « il n’y a pas grand-chose à voir », racontent les déçus. Dominique-Charles Janssens répond « qu’il y a tout à ressentir ».
Le propriétaire a voulu faire de cet espace un lieu de « pèlerinage » pour aller à la rencontre de « l’âme du peintre ». Il faut un peu d’imagination et de disponibilité d’esprit pour être à l’écoute de ce que la chambre étroite a encore à nous transmettre. C’est incontestablement un lieu habité. Entre ces quatre murs, on vit un peu un voyage intérieur : « Quand on est ici, on s’affronte aussi à soi-même. Les gens font le bilan de leur propre vie. Et Van Gogh n’est que le prétexte », explique Dominique-Charles Janssens. La démarche du propriétaire est peut-être un peu mystique ou sensitive mais pleine de charme.

 

La maison du Docteur Gachet


En plus d’avoir été un médecin novateur pour son temps, le Docteur Gachet était un grand amateur d’art. A une époque où l’impressionnisme est encore décrié, il est l’ami de peintres comme Pissaro, Cézanne ou Guillaumin. Lorsque Vincent Van Gogh arrive à Auvers-sur-Oise, son frère Théo le confie au Docteur. Gachet est là si le peintre se retrouve une nouvelle fois en crise et les deux hommes peuvent discuter de leur passion commune pour l’art. Vincent Van Gogh fait plusieurs portraits du médecin. Dans le jardin de la maison, classée monument historique, la fameuse table rouge sur laquelle s’appuie le Docteur Gachet dans la toile de Van Gogh trône toujours. En poussant la porte du charmant jardin, on entre dans une maison de villégiature typique de la fin du XIXème siècle. Il y a quelque chose de désuet et de suranné. Une fois franchi le seuil de la maison, le voyage dans le temps continue et on découvre aussi les travaux artistiques d’un médecin qui tâtait du pinceau et de la gravure.
Françoise Goldstein, responsable de l’accueil et de la gestion de la maison, nous guide dans les lieux :

Dr Gachet Van Gogh Musée d'Orsay maison du Dr Gachet Auvers
maison du Dr Gachet maison du Dr Gachet

 


La Maison-atelier Daubigny


Le premier peintre à s’installer à Auvers-sur-Oise fut Charles-François Daubigny. C’est un des principaux précurseurs de l’impressionnisme et membre important de l’école de Barbizon (ces peintres du milieu du XIX siècle qui sortent, les premiers, peindre maison-atelier Daubignysur le motif, en plein air). La visite de sa maison-atelier est une des très belles surprises d’Auvers. Après avoir amarré son petit bateau, « le Botin », aux rives de l’Oise, il achète en 1861 un terrain et y fait bâtir une maison. Charles-François Daubigny y accueille ses amis Corot, Daumier et Oudinot, artistes importants de leur temps. C’est ainsi qu’Auvers devient le fameux foyer artistique que l’on connaît aujourd’hui.
Daubigny décide d’entraîner toute sa famille et ses amis dans la décoration de sa résidence campagnarde. Corot peint les murs de l’entrée. Daubigny dessine les contes de Perrault dans la chambre de sa fille pour ses 20 ans. Son fils imagine un coq dans la salle à manger quand les adultes peignent au même endroit toute une série de victuaille. Cette maison transpire encore de cet amour de l’art qui unissait toutes ces personnes apparemment si heureuses ensembles. Cette maison-atelier est probablement le lieu le plus étonnant d’Auvers. Le plus impressionnant reste encore l’Atelier, haut de 7 mètres, dans lequel les paysages si chers aux peintres de l’Ecole de Barbizon envahissent les immenses parois. C’est notre coup de coeur !

 

maison-atelier Daubigny Auvers maison-atelier Daubigny auvers maison-atelier Daubigny
statue Daubigny Auvers maison-atelier Daubigny maison-atelier Daubigny

 

Au premier étage du manoir des Colombières (où se situe l’Office du Tourisme), le musée Daubigny abrite des toiles léguées par les descendants de l’artiste mais aussi des tableaux d’autres peintres de la fin du XIXème siècle. Le musée expose aussi une belle collection de dessins, tableaux et sculptures de chats (et ils sont nombreux, les amoureux des chats ;-) Les plus jolis « greffiers » ont été croqués par Cocteau, Steinlen, Barye, Fremiet, Gallé…
Une dernière section est consacrée à l’art naïf (en souvenir du passage du Douanier Rousseau à Auvers en 1908). Comme le musée est assez exigu, les collections de félins et de naïfs sont montrées par roulement. Le musée organise deux expositions temporaires par an.

 


« Le Château des impressionnistes »


Sur les hauteurs d’Auvers-sur-Oise, un joli château du XVIIème siècle pousse à profiter de ses agréables jardins à la française et de sa vue imprenable sur le village et la vallée de l’Oise.
jardin du château d'AuversMais surtout, à l’intérieur, il invite à un parcours-spectacle « voyage au temps des impressionnistes » où des décors reconstitués, soutenus par les techniques multimédia, évoquent l’aventure et l’époque de ces peintres si populaires aujourd’hui. Si Auvers ne peut être qualifié de haut-lieu de l’impressionnisme, Pissaro ou Renoir ont fréquenté les environs (notamment Pontoise). Plus tard, Cézanne est venu ici. Le parcours-spectacle du château, à travers la Belle Epoque, est vraiment réussi. Ce n’est pas un musée mais plutôt une proposition distrayante et pédagogique pour s’initier à ce moment de l’histoire de l’art mais aussi découvrir le contexte de l’époque, les costumes ou les mœurs. Les projections de plus de 500 toiles se mélangent aux différents décors. Du bistrot, on passe au music-hall avant de sauter dans le train pour arriver au bord de la mer. Des commentaires pertinents et pédagogiques accompagnent ce voyage dans le temps. Les visiteurs sont unanimes « on s’y croit ! ». La scénographie très ludique remporte un grand succès. Idéal pour les enfants.

château d'Auvers jardin du château d'Auvers
jardin du château d'Auvers vue d'Auvers du jardin du château


 

Le Musée de l’Absinthe


A la fin du XIXème siècle, la « fée verte » a remplacé les bouteilles de vin aux tables des bistrots. Alcool issu d’une plante médicinale de montagne, l’absinthe fut un véritable phénomène de société jusqu’à son interdiction en 1915. Inspirés par ce breuvage trouble et agréable, les artistes de la Belle Epoque l’ont chanté dans leurs musée de l'absinthe Auverspoèmes ou couché sur leurs toiles. Comme c’était l’apéritif à la mode au temps des impressionnistes et de Van Gogh, il est normal qu’un musée de l’absinthe se soit installé à Auvers.
Il y a près de trente ans, Marie-Claude Delahaye est tombée sur une petite cuillère percée en se promenant dans une brocante. Sa curiosité aiguisée, on lui raconte que cet objet servait à préparer « un alcool qui rendait fou ». Elle découvre alors le monde de l’absinthe et commence la fabuleuse collection qu’elle montre désormais au public.
La culture et la distillation de l’absinthe, son rituel de consommation, ses effets néfastes sur la santé, les enjeux de sa commercialisation, le contexte historique de son développement puis de son interdiction : tout est raconté dans ce musée qui s’appuie sur les objets d’époque.
Pour bien saisir l’aventure de l’absinthe, choisissez une visite guidée.

 


Conseils pratiques


De Paris, on rejoint Auvers-sur-Oise en voiture par l’A86 en direction de Gennevilliers-Cergy-Pontoise, puis l’A15 en direction de Cergy-Pontoise, ensuite l’A115 direction Calais. Enfin, continuer sur la N184 direction Méry-sur-Oise (compter 30mn à une heure selon le trafic)

tombe de Vincent Van Gogh AuversEn chemin de fer, dès que les beaux jours sont là, un train direct part de la gare du Nord tous les samedis, dimanches et jours fériés à 9h56 (arrivée à 10 h 28) et revient dans la capitale en fin d’après-midi. Cette liaison directe de 30mn n’est accessible que d’avril au 1er novembre.
Sinon, toute l’année, il faut emprunter le RER C (direction de Pontoise), descendre à Pontoise puis prendre le train en direction d’Auvers-sur-Oise (compter 45 minutes à une heure de trajet).

Si vous le pouvez, venez plutôt en semaine : le week-end les ruelles deviennent rapidement bondées. Evitez le lundi car les musées et monuments sont fermés. Une journée peut suffire pour visiter Auvers mais il est tout de même conseiller d’y aller en plusieurs fois pour avoir le temps d’y flâner. N’oubliez pas qu’Auvers-sur-Oise est avant tout la campagne aux portes de Paris. Vous pouvez aussi y rester quelques jours afin de prendre le temps de découvrir la nature d’Ile-de-France à travers le Parc Naturel Régional du Vexin qui borde le village. Plusieurs sentiers pédestres attendent les randonneurs.

 

alentours d'Auvers alentours d'Auvers
alentours d'Auvers "champ aux corbeaux" Auvers

 

Avant d’aller à Auvers ou pour voyager de votre fauteuil, lisez « Vincent Van Gogh à Auvers» de Wouter Van Der Veen et Peter Knapp (Editions du Chêne). Le livre reprend, jour après jour, les moments que le peintre a passé dans le Vexin en s’appuyant sur son importante correspondance et sur les nombreuses œuvres (tableaux et dessins) qu’il a réalisé en 70 jours. Le livre permet d’aller au-delà des idées reçues sur la vie et le tempérament d’un peintre trop écrasé par sa légende et par l’imagerie imposée par le cinéma (Minnelli ou Pialat).

 

 

auvers-sur-Oise

 

(Photos et reportage : Alice Milot)

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