Voyager est un art pluriel. Chacun le conçoit avec ses propres images, ses propres rêves, ses propres attentes. Il y a un monde entre un « voyage organisé » et une longue pérégrination solitaire. Un monde qu’on tente de réunir en proposant à nos auditeurs, lecteurs et internautes de partir avec nous sur des chemins de cultures, de découvertes, de rencontres... Sans à priori, curieux et avides de partage pour mieux connaître la planète. On trouve ici nos émissions, des bonus, nos humeurs, des photos, des films... un simple rendez-vous des voyageurs! NOUS ECRIRE
Il était une fois dans l'Ouest... canadien
Chaque année en juillet, le Stampede de Calgary attire plus d’un million de personnes.
Dix jours dédiés au western où le cow-boy est roi.
Contrairement aux idées reçues, c’est le Canada qui accueille depuis un siècle ce rendez-vous unique au monde si typique du Far West.
Une fois à Calgary, il faut aller dans les ranchs des grandes plaines de l’Alberta pour poursuivre l’expérience de l’Ouest.
Commencez le voyage dans l’Alberta en écoutant (ou en téléchargeant) l’émission que nous avons consacré au Stampede et aux cow-boys.
(un reportage de Céline Develay-Mazurelle)
Céline Develay-Mazurelle a aussi pris son appareil photo. Pour illustrer son road-trip, K.D Lang (Kathryn Dawn Lang) s’impose. Ce grand nom de la chanson nord-américaine, récompensé plusieurs fois par des Grammy Awards, est né à Consort dans l’Alberta. Elle a grandi dans les grandes plaines et a été nourrie à la culture western. K.D Lang s’est d’ailleurs faite d’abord remarquer dans le monde de la country music avant de s’imposer sur la scène folk pop. On a choisi une reprise du Steve Miller Band, « The joker ».
10 jours « Hustle and Bustle »
Le Stampede (qui signifie « ruée » en anglais) est un véritable tourbillon, entre parc d’attractions, évènement sportif de haut niveau et foire agricole. Dix jours durant, la ville entière vibre au diapason de cet évènement, le plus important de tout le Canada (toutes disciplines confondues).
Le site en lui-même, avec manèges, grande roue, spectacles, concerts country, concours agricoles, expositions autochtones et démonstrations en tout genre, ressemble à un immense « Disneyland de la culture western ». Là-bas, tout est western, même les pop-corn !
Festivités et compétitions ont lieu tout près du Fort de Calgary, là où fut fondée la ville à la fin du XIXe siècle.
Le premier Stampede a vu le jour en 1912 sous l’impulsion de Guy Weadick, un Américain passionné de rodéo qui voulait rendre hommage aux cow-boys. Devenu une véritable vitrine de la culture des hommes (et femmes) du ranch, le Stampede vaut surtout pour ses impressionnantes compétitions de rodéo. Immanquables !
Dans l’enceinte du stade noir de monde, chaque jour, tout commence par un moment de recueillement patriotique assez poignant pour qui n’a pas l’habitude de ces célébrations « très américaines ». Un hélicoptère arrive au loin et fait flotter le drapeau canadien dans le ciel. Les 20 000 spectateurs se lèvent, ôtent leurs chapeaux et entonnent fièrement l’hymne national. Applaudissements. Le show peut commencer ! Une cavalcade entre sur la piste, les initiales CS (Calgary Stampede) s’enflamment sur le sol, une voix à l’accent inimitable hurle dans le haut parleur : la mise en scène est extravagante et tonitruante. Place au rodéo !
Il existe 6 grands types de compétitions de rodéo parmi lesquelles le rodéo sur un taureau ou sur un cheval démonté, avec ou sans scelle, se taillent la part du lion. Les participants doivent rester au minimum 8 secondes sur cette monture furieuse, main levée, avec style et panache. D’autres doivent capturer un veau au lasso ou attraper le plus rapidement possible une vache par les cornes. Ces épreuves reflètent les activités quotidiennes du ranch. En fin de journée, il ne faut absolument pas manquer la chuckwagon race, une course de chariots bâchés brinquebalants lancés à toute allure. C’est l’épreuve phare du Stampede, un grand spectacle de bruit et de poussière.
L’affaire est sérieuse pour les compétiteurs, véritables sportifs de haut niveau, puisque chaque année le Stampede distribue pas moins de 2 millions de dollars de récompense pour les rodéos et plus d’un million pour les chuckwagon races.
Mais de grands shows comme ceux là ont un coût. Et pas des moindres… Comptez 13 dollars pour l’entrée seule du Stampede Park et 40 à 85 dollars pour une course ou un rodéo (ce tarif donne accès au Stampede Park et ses festivités).
Pensez aussi à réserver longtemps à l’avance une chambre d’hôtel. Durant le Stampede, Calgary est littéralement envahie de touristes, de cow-boys et de chevaux.
La foule est particulièrement intense le jour de la Parade qui ouvre le Stampede. Le long de la 9th avenue de Calgary, non loin de la grande tour emblématique de la ville, on assiste à un impressionnant défilé de chevaux (pas moins de 700), de cow-boys, de diligences et d’indiens en costumes traditionnels. On entend les inévitables « yeah ahhhhhhh», cri strident typique du Far West, que le public aime crier en chœur à chaque passage de chars. L’ambiance est bon enfant et familiale. Il faut vraiment se laisser porter par cette ferveur populaire pour la culture western.
How to be a perfect cow-boy (or girl)
Aujourd’hui, le style western a les faveurs des magazines de mode du monde entier mais en Alberta pas question de look "néo cow-girl" ou "néo cow-boy". Le style est authentique, un brin « too much » mais bel et bien in-dis-pen-sable pendant le Stampede.
La panoplie du parfait cow-boy tient en 4 éléments : le jean, le chapeau, les boots et la fameuse boucle de ceinture. Si vous voulez en rajouter, n’oubliez pas le shaps (ces jambières en cuir à franges), les éperons et la chemise à carreaux façon bucheron. Mais bon, attention au déguisement ;-)
Si vous voulez ramener un chapeau 100% Alberta, une seule adresse : Smith Bill Hats à Calgary.
Cette honorable maison, fondée en 1946, fabrique sur mesure et à l’ancienne des chapeaux de cow-boys de très grande qualité. L’histoire veut d’ailleurs que son fondateur, Morris Smith, ait inventé le chapeau blanc aujourd’hui porté par les cow-boys du monde entier.
Suivons Bryce Nimmo, le directeur, dans les ateliers de la manufacture pour avoir un petit aperçu du façonnage d’un chapeau :
Autre adresse pour qui veut parfaire son look avec des boots à bout pointu : la maison Alberta Boots de Calgary.
Le travail est 100% fait main et les ateliers jouxtent la boutique. Cette fabrique est la seule en Alberta sur les 3 compagnies de boots western au Canada. Leur forme si particulière et leur look inimitable ont évidemment leurs raisons et leurs secrets…
Tim Gerwing, fils du fondateur d’Alberta Boots et actuel directeur, nous en livre quelques uns :
Bien chaussé et chapeauté, nous voilà prêts à sortir et à aller danser en ligne sur de la musique country dans un des hauts lieux de la culture western. On a choisi le Ranchmans.
Ce bar, aux allures de vieux ranch en bois, est LE lieu où se retrouvent vrais et faux cow-boys à la mâchoire carrée et aux manières de garçon vacher. On y croise aussi les fameuses « buckles bunies » (une expression populaire qui désigne « les chasseuses de boucle de ceinture »), ces femmes fans de rodéo mais surtout de cow-boys victorieux (la boucle de ceinture est l’équivalent de la coupe dans d’autres sports). Ambiance testostérone garantie, suivez-nous…
Jour de plaine
Après le tourbillon de la ville, le silence des grands espaces. En voiture bien sûr ! Car en Alberta, un road-trip s’impose tant cette grande province surnommée « le pays du grand ciel bleu», offre une variété de paysages naturels préservés époustouflants.
L’Alberta, 4e plus grande province du pays, s'étend du Nord au Sud sur plus de 1 217 km et sa largeur d'Est en Ouest varie entre 293 et 650 km. Sur ces vastes espaces, seulement 20% de la population y vit. Des hommes de la terre et du ranch en grande partie.
De nombreux films liés à la culture de l’Ouest ont été tournés en Alberta. C’est le cas du «Secret de Brobeback mountain» (le film d’Ang Lee sur une histoire d’amour entre deux cow-boys homosexuels) ou de «La Rivière sans retour» avec Robert Mitchum et Marylin Monroe. Les grandes plaines qui occupent la majeure partie de la province sont idéales pour les scènes avec le bétail. Les Rocheuses, au Sud-Ouest, sont plus dramatiques et évoquent Jack London ou ces moments délicats quand on ne sait pas si le héros va réussir à franchir le col et vaincre la nature surhumaine et hostile…
Dans ces grandes plaines à perte de vue et le long des routes qui déroulent leur ruban de bitume à l’infini, on croise de nombreux ranchs aux granges rouges ocre et aux citernes en ferraille rouillée. Certains comme le Red Deer River Ranch accueillent les visiteurs (guest ranch) dans des bungalows pour partager la vie de la ferme, sentir la nature et appréhender l’ambiance d’un ranch. Dans d’autres exploitations, on peut participer plus activement aux travaux avec le bétail. C’est ce qu’on appelle un working-ranch. Les fermiers ouvrant leur porte aux voyageurs se sont rassemblés en association pour promouvoir et défendre les séjours dans les ranchs.
Enfin, si vous voulez prolonger l’expérience cow-boy, partez explorer le circuit historique Cowboy Trail qui s’étire le long de la fameuse route 22 de Mayerthorpe (au Nord-Est d’Edmonton) vers le Sud jusqu’à Pincher Creek.
L’histoire de l’ouest
Les sites historiques sont le complément évident d’un voyage en Alberta autour de la culture Western.
A Calgary, l’Heritage Park se propose par exemple de transporter le visiteur dans des décors d’époque. Plongé dans un village de pionniers de la fin du XIXème et du début du XXe siècle avec son vieux train à vapeur sifflant et ses animateurs en costume d’époque, le visiteur se croit véritablement dans un film western. Ici, 60 % des bâtiments sont de véritables maisons anciennes démontées poutre par poutre et exposées depuis le milieu des années soixante dans ce musée de plein air. L’expérience est non seulement amusante mais aussi instructive.
A côté de la culture des pionniers, il ne faut pas oublier celle, millénaire, des peuples autochtones : les indiens. Premiers hommes présents sur cette terre, bien avant les cow-boys, ces « native nations » ont évidemment beaucoup souffert de l’implantation des fermiers. Aujourd’hui, après un siècle de persécution et d’assimilation, les indiens revendiquent et reconquièrent leur place et leur identité sur ces territoires.
En Alberta, de nombreux sites ou réserves retracent l’histoire des différentes communautés indiennes des plaines.
Le Head-Smashed-In Buffalo Jump situé au cœur d’une mer de prairies, à deux heures de route de Calgary, vaut autant pour son fabuleux site naturel (classé « patrimoine mondial » de l’Unesco) que pour son musée très pédagogique sur l’histoire de la tribu Blackfoot. Comme son nom l’indique, le Head-Smashed-In (qui signifie « tête écrasée ») est un précipice qui fut utilisé pendant 5 000 ans par les indiens des plaines pour tuer le bison en poussant le troupeau au bout d’une falaise de 10 mètres de haut.
Au Head-Smashed-In, la vue sur l’immensité des plaines (on dit d’ailleurs que c’est le seul endroit où on peut regarder son chien courir pendant 3 jours) est à couper le souffle. En contrebas, on peut dormir dans un tipi, partager les rites ancestraux des autochtones et accéder à leur approche quasi mystique de la nature et des éléments…
Autre endroit important de l’histoire de la communauté Blackfoot, le Blackfoot Crossing Historical Park où il est également possible de séjourner en tipi. Ce site naturel auquel est adossé un musée est le lieu historique de la signature du traité n° 7 en 1877. Ce traité, par lequel les indiens se sont vus promettre la préservation de leur terre et de leur droit de chasse, fait partie des 68 grands textes signés au Canada entre le gouvernement et les peuples autochtones.
Cap à l’Ouest
Pour bien comprendre le caractère authentique et parfois sauvage des cow-boys de l’Alberta, il faut pousser la visite encore plus à l’Ouest, dans la nature vierge et implacable des Rocheuses canadiennes. Cette magnifique chaîne de montagnes offre de saisissants paysages : glaciers gigantesques, lacs turquoises, forêts profondes. Cette nature est un sanctuaire de la vie sauvage (biches, chèvres de montagne, ours, etc).
Parmi toutes les aires protégées, deux parcs nationaux se distinguent : Jasper et Banff.
Banff est le plus ancien parc national canadien et couvre aujourd'hui plus de 6 000 km2.
Le train y joue encore un rôle central car, le Canadian Pacific y amène toujours des touristes et les impressionnants hôtels que la compagnie a construit au début du XXème siècle sont aujourd’hui des icônes nationales et de véritables monuments historiques.
Après tant de route et de rencontres, rien de tel qu’un bon steak de boeuf (après tout, le bétail est élevé pour finir dans l’assiette ;-). On finira par un « cow-boy coffee » (café du cow-boy) avec du sirop d’Erable. Il parait que les garçons-vacher adorent.
Pour organiser un voyage dans la région, regardez le site de Travel Alberta. Et plus généralement pour des vacances au Canada, celui de la Commission Canadienne du Tourisme.
Page réalisée avec Céline Develay-Mazurelle / photos : Céline Develay-Mazurelle
En quelques mots
Derniers billets
Archives 2016
- novembre (1)
1 Comments
ça c'est du voyage au pays des cowboys !
Poster un nouveau commentaire