Voyager est un art pluriel. Chacun le conçoit avec ses propres images, ses propres rêves, ses propres attentes. Il y a un monde entre un « voyage organisé » et une longue pérégrination solitaire. Un monde qu’on tente de réunir en proposant à nos auditeurs, lecteurs et internautes de partir avec nous sur des chemins de cultures, de découvertes, de rencontres... Sans à priori, curieux et avides de partage pour mieux connaître la planète. On trouve ici nos émissions, des bonus, nos humeurs, des photos, des films... un simple rendez-vous des voyageurs! NOUS ECRIRE
Venise insolite
Fuyons l’autoroute à touristes qui va de la place Saint-Marc au Pont du Rialto. Laissons de côté les étrangetés de la collection Pinault. On ira plus tard à l’Académie…
Venise a bien d’autres pépites à offrir. Pour une première balade ensemble dans la cité des doges, on choisit un monastère étonnant et un quartier tranquille. Suivez-nous !
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons consacré à « Venise hors des sentiers battus ».
La flamme arménienne au cœur de la lagune
Juste avant d’arriver au Lido, une petite île attire l’attention grâce à l’élégant clocher à bulbe qui surmonte un monastère. Les portes sont closes si on ne vient pas pour le rendez-vous quotidien qui permet d’entrer dans un double sanctuaire : celui qui vénère le dieu des chrétiens et celui qui renferme une bonne partie de la mémoire arménienne.
Le monastère San Lazzaro degli armeni a été donné à la congrégation arménienne des mékhitaristes au XVIIIème siècle. Mékhitar, dissident de l’église orthodoxe autocéphale arménienne et chassé par les Turcs, trouve refuge ici avec ses disciples pour vivre son culte catholique. L’histoire de l’Arménie étant très mouvementée, la diaspora s’accroche assez tôt à cet îlot vénitien où luit sa culture ancestrale. Aujourd’hui, tous les jours à 15h30, on découvre donc dans un décor rococo italien avec ferronneries, marbres polychromes, boiseries et fresques (signées Francesco Zugno) le sabre d’un roi d’Arménie, des monnaies, des tableaux, mille objets importants racontant l’histoire d’un pays malmené. A l’écart des bâtiments historiques, dans une rotonde moderne sécurisée, le plus grand trésor est à l’abri : ce sont des milliers de manuscrits enluminés dont les plus anciens remontent aux âges les plus lointains du Moyen-Âge. Le manuscrit enluminé (profane ou religieux) est une des grandes disciplines des arts et de la culture arménienne. San Lazzaro possède un des trois plus grands fonds (avec ceux conservés à Erevan et Paris). Mais la visite du monastère ne s’arrête pas aux objets de l’histoire nationale. De nombreux arméniens ont légués leur collection à San Lazzaro et on admire aussi des vitrines et des salles en forme d’inventaire à la Prévert : vases étrusques, trône indien, momie égyptienne, prière birmane, armes anciennes, antiquités chinoises …
Sans compter les souvenirs de Lord Byron venu ici au XIXème siècle apprendre l’arménien.
Pour visiter San Lazzaro, il faut prendre le Vaporetto n°20 (quai de San Zaccaria – en face du musée naval) vers 15h/15h10. Descendez au monastère et attendez que la porte s’ouvre …
Loin du tourisme de masse
Venise, rêve d’art et de pierre, accapare le regard. Mais les Vénitiens, y prête-t-on vraiment attention ? On ne les voit guère (ou seulement comme professionnels du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration). En sortant des grands itinéraires qui vont d’un monument à l’autre, on retrouve la vie quotidienne d’une ville unique au monde. Bâtie sur l’eau, sillonnée de canaux et ruelles, Venise est une des très rares villes sans aucune voiture. C’est dans ce décor particulier pour le XXIème siècle que vivent encore les Vénitiens. Muriel Bény, une animatrice touristique alternative, consciente qu’il faut respecter Venise, ville fragile et malmenée par le tourisme de masse, propose des visites dans son quartier de Castello. C’est certainement le moins touristique de toute la Sérénissime (avec le nord de Canaregio). Muriel évoque la vie quotidienne, l’exode des plus jeunes vers la terre ferme, les magasins d’alimentation qui ferment mais elle souligne aussi la tranquillité et la beauté des maisons populaires. On croise des Vénitiens, on se salue, on discute un peu pourquoi pas. Et on va tranquillement jusqu’à l’îlot de San Pietro (jolie surprise).
Sa visite autour des chats est aussi un prétexte pour se promener loin des groupes de touristes.
Muriel Bény et son association Acqua Vite ne se contentent pas de faire découvrir les visages quotidiens ou décalés de Venise, elles souhaitent que tous les publics aient accès à cette ville qui fait tant rêver : chasse aux trésors pour les enfants, balade en famille et en vélo dans la lagune, parcours sensoriels pour les sourds ou les aveugles. Car Muriel en est convaincu : « Cette ville est un véritable théâtre sensoriel » (sonorités, odeurs, douceurs ou rugosité des pierres …).
Ce n’est qu’un premier billet sur Venise. On va y revenir ensemble, mais toujours en partant à l’opposé des grands flux touristiques. A plus tard ! (pendant une acqua alta ensoleillée par exemple, comme sur la photo ci-dessous)
(Photos : Ludovic Dunod)
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- novembre (1)
4 Comments
@Raffi : Il s'agit tout simplement d'Antonio Vivaldi, un concerto pour violoncelle.
Très bon documentaire, rare quand tous les médias focalisent sur le côté disneyland de la cité des doges.
magnifique reportage
quelqu'un peut-il me dire qui est le compositeur du morceau de musique que l'on entend à la seconde 1050 svp merci
Totalement d'accord avec Christophe.
Aimons Venise hors des clichés pour diaporamas, hors des masques en toc, des bimbeloteries diverses pour touristes pressés.
A Venise, il faut prendre son temps ; y aller pour mieux y retourner.
Dans la rubrique "Italies" ci-dessous, Venise tient une place de choix : la première.
http://sylgazette.blogspot.com/search/label/Italie%28s%29
Vous avez tout compris. Le charme de Venise est dans les itinéraires parallèles, le long des petits canaux, à l'écart des foires à touristes. Des plaisirs simples: se promener la nuit dans le dédale de ruelles, découvrir des petits restaurants où se retrouvent les Vénitiens. Ce sont des clichés, mais les amoureux de Venise savent de quoi je parle. Merci pour ce billet.
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