Gladiateurs dans l’arène

Trop de clichés courent sur ces combattants de l’extrême. Chercheurs, amateurs éclairés et professionnels du tourisme s’allient pour animer le patrimoine en donnant une nouvelle vision, vivante et ludique, de cette pratique antique. De saisissants combats impressionnent le public. Les gladiateurs sont à la mode.

 

 
Un affrontement au milieu des arènes de Nîmes ou d’Arles, une joute au pied du château de Beaucaire… Les gladiateurs sont devenus un bon prétexte pour fréquenter à nouveau les grands monuments de notre patrimoine. Le sujet est porteur, il plait. Mais derrière le spectacle et la figure mythique de Spartacus, ces animations s’appuient sur des recherches sérieuses. Elles battent en brèche les idées fausses trop souvent véhiculées auprès du grand public par les historiens du XIXème siècle et les péplums d’Hollywood ou de Cinecitta’.
Un public familial vient nombreux voir les combats de gladiateurs et connaître la réalité de la gladiature (la mort n’attend pas forcement le gladiateur après le combat / au début de notre ère, ce sont des volontaires qui vont sur le sable de l’amphithéâtre/ le public n’indiquait pas la mort en retournant le pouce / ils ont femmes et enfants/ etc).
 
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons consacré à ce sujet :
 
 

Spectacle garanti

Regardez le diaporama que nous avons conçu pour vous en allant au Parc des Gladiateurs de Beaucaire et aux « Grands jeux romains » de Nîmes.
Les affrontements ne sont pas des chorégraphies de cascadeurs. Les combats se font à armes mouchetées mais l’intensité de certains assauts sont bien réels.
(Merci aux sportifs d'ACTA et d'Ars Maiorum).
 

 

Derrière le spectacle, des chercheurs

C’est autour des principes de l’archéologie expérimentale que chercheurs et sportifs redécouvrent depuis quelques années les vrais aspects de la gladiature. Cette discipline part des textes anciens et des objets des fouilles pour retrouver le vrai sens d’un geste ou d’un combat. L’archéologie « classique » a ses limites, surtout pour une pratique en mouvement. Comment combattait-on ? Avec quelles postures ? Combien de temps pouvait durer un affrontement ? Comment les gladiateurs devaient-ils s’entraîner ? Comment fabriquaient-ils leurs armes et protections ? C’est par l’expérimentation et la reconstitution que les historiens, aidés de sportifs, élargissent notre connaissance du passé.
 
En France, dans le Gard, entre Nîmes et Beaucaire, deux hommes font beaucoup pour assembler les pièces du puzzle de la gladiature : Eric Teyssier, maître de conférences en histoire romaine à l’Université de Nîmes et Brice Lopez, ancien sportif de haut niveau. S’ils ont travaillé un temps ensemble, ils animent désormais leurs propres équipes.
 
 

 

Des découvertes au service de l’animation du patrimoine

Les jeunes combattants s’affrontent en été dans les amphithéâtres de Nîmes et Arles, deux monuments parmi les mieux conservés de l’Antiquité. Voir ces joutes dans les lieux qui ont été conçu il y a presque 2 000 ans pour accueillir ce genre de spectacle revêt un intérêt supplémentaire. Au Parc des Gladiateurs, à Beaucaire, les démonstrations ont lieu au pied du château.
Avant et après les spectacles, des ateliers sont organisés pour les enfants. L’idée maîtresse de ces animations est d’apprendre en se distrayant. Les adultes posent aussi des questions aux animateurs/combattants et essaient casques et boucliers. L’amusement est au service de la pédagogie. Les informations délivrées sont validées par les chercheurs.
Cette vie en costume d’époque apporte un plus à la visite de monuments exceptionnels mais figés. Elle leur donne aussi du sens.
 
Même quand il n’y a pas de démonstration de combats, les arènes de Nîmes axent la visite sur la gladiature. Le mode de vie des gladiateurs est raconté dans l’audio-guide, les habitudes du public romain aussi. Dans une salle sous les gradins, Culturespaces (qui gère les arènes) a reconstitué un vestiaire de gladiateurs. Visitons-le avec Michael Couzigou, directeur des arènes :
 

Les gladiateurs au musée

Si les combats et animations autour des gladiateurs remportent un grand succès, il ne faut perdre de vue les pièces antiques originales. Le musée archéologique de Nîmes est un des plus riches de France en souvenirs romains. Les gladiateurs y sont particulièrement à l’honneur.
Le moulage d’un bas-relief décorant la façade de l’amphithéâtre (mais maintenant bien effacé) montre deux gladiateurs au combat.
 
Le musée possède également 14 stèles de gladiateurs. Ces monuments sont simples mais émouvants. On y lit le nom du courageux romain qui s’est engagé dans la gladiature, l’âge de sa mort ou le nombre de combats qu’il a remporté. On y découvre aussi ses origines (l’un d’eux vient d’Alexandrie en Egypte, un autre est Espagnol, un dernier Eduen –un des peuples de la Gaulle-). Ces stèles révèlent aussi le statut social des défunts et montrent qu’ils étaient souvent mariés puisque ces plaques funéraires mentionnent qu’elles ont été posées par les épouses des gladiateurs.
 
La plus belle pièce évoquant la gladiature est le médaillon de Cavillargues, un très beau bas-relief en terre cuite qui ornait un vase. Il a été trouvé en 1845 dans un village du département et date des IIème-IIIème siècles ap. JC.
Dominique Darde, conservateur du musée, nous le présente :
 

Au-delà de la gladiature, la vie romaine

En Avril, pendant « Les grands jeux romains » à Nîmes, plusieurs associations spécialisées dans la reconstitution antique viennent animer les arènes et la ville entre les spectacles. Les amateurs éclairés vivant comme les légionnaires sont les plus nombreux. Tous ces passionnés d’histoire aiment transmettre au public ce qu’ils savent sur la vie quotidienne dans le monde Romain.
Tous ces amateurs cherchent la vérité historique. Ils font faire leurs costumes, bijoux et armements avec les techniques de l’époque et d’après des modèles retrouvés par les archéologues.
Jean-Luc Feraud est un de ces reconstituteurs :
 
 
 
 
A Beaucaire, en plus du Parc des gladiateurs, le mas des Tourelles propose aussi une plongée dans l’Antiquité basée sur l’archéologie expérimentale. Cette belle propriété languedocienne, productrice de vins, a été bâtie sur l’emplacement d’une villa gallo-romaine en partie fouillée. L’exploitation antique faisait le commerce de l’huile et du vin. Le propriétaire actuel, aidé par des archéologues, a reconstitué une cave et un vignoble romains. Au milieu des amphores et de l’impressionnant pressoir, on découvre les différents vins produits par les Romains et surtout leurs goûts (quelque fois étranges pour nos palais contemporains).
 
Au Pont du Gard, à l’ombre du célèbre aqueduc, le musée montre de façon vivante avec maquettes et décors comment fut construit cet ouvrage d’art unique au monde. Il explique aussi la place de l’eau dans l’hygiène et l’assainissement public d’une ville romaine.
 
Pour préparer un voyage entre Nîmes, Beaucaire et le Pont du Gard, jetez un œil au site du Comité Départemental du Tourisme du Gard.
 
Pour en savoir plus sur la gladiature à travers les livres :
"La mort en face, le dossier gladiateurs", Eric Teyssier, Editions Actes Sud
"Gladiateurs, des sources à l'expérimentation", Eric Teyssier et Brice Lopez, Editions Errance
 
 
 
Photos : Ludovic Dunod
Musique pour le diaporama : Atom Tobin "Ton mantis"
 
 
 

 

1 Comments

Les spectacles de gladiateurs permettent de redonner vie à de nombreux lieux historiques. Ils plongent le spectateur en plein cœur de l'histoire et nous laissent apercevoir les aléas de la vie d'autrefois. Les enfants adorent, les parents adhèrent...surtout lorsque les reconstitutions restent fidèles à l'histoire. Il n'y a qu'à voir le succès des magnifiques spectacles du Puy du Fou...

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