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26 nov. 2010 - 17:41
Verdun et le soldat inconnu
Il y a 90 ans cette année, c’est à Verdun qu’on a choisi le soldat inconnu, symbole d’une guerre meurtrière. L’histoire de cette icône est mal connue, allons la découvrir dans ce haut-lieu de la Première Guerre mondiale. Profitons-en pour visiter d’autres sites incontournables de la Grande Guerre.
Qui est ce soldat français qui repose sous l’Arc de triomphe à Paris ?
Personne ne sait et l’Etat a pris toutes les mesures pour qu’on ne le sache jamais.
Le soldat inconnu a été choisi en novembre 1920, il y a 90 ans cette année, pour donner une sépulture symbolique aux plus de 300 000 soldats disparus.
A la fin de la Première Guerre mondiale, on pleure des morts dans toutes les familles et beaucoup d’entre elles ne peuvent pas récupérer les corps des leurs. Dans une France victorieuse peut-être mais assurément en deuil, il faut trouver un moyen de matérialiser un lieu de recueillement universel : se sera le soldat inconnu.
Les autres nations en guerre vont aussi choisir un soldat inconnu. Au fil du XXème siècle, les Français vont s'approprier le leur de différentes manières.
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons consacré à ce sujet :
Sur les traces du soldat inconnu et de la Grande Guerre à Verdun
La citadelle
C’est ici qu’a eu lieu le choix du soldat inconnu. On y voit la reconstitution de ce choix lorsque le soldat Auguste Thin a déposé un bouquet de fleurs sur le cercueil n°6.
Pendant la Première Guerre mondiale, ce vaste ensemble défensif a joué un rôle important, notamment grâce à ses galeries souterraines. Elles se visitent aujourd’hui en wagonnet. Des mannequins et des installations multimédia animent le parcours.
Retrouvons-y Pierre Lenhard, guide-interprète à Verdun :
Le Cimetière du Faubourg Pavé
En suivant l’histoire du choix du soldat inconnu, ce cimetière est une étape indispensable. Serge Barcellini, directeur de la mission histoire du département de la Meuse nous apporte la réponse :
Le soldat inconnu est choisi en novembre 1920 mais très vite, il faut trouver un cérémoniel de plus pour entretenir le souvenir : ce sera le ravivage de la flamme comme nous le raconte Serge Barcellini, sous l’Arc de triomphe, à Paris où se déroule cette cérémonie :
Ce soldat inconnu a vécu la Grande Guerre, l’horreur des combats et le quotidien difficile des poilus.
A Verdun, plusieurs sites majeurs racontent ces moments douloureux de l’histoire mondiale (n’oublions pas qu’il y avait sur les champs de bataille du front des français, des allemands, des britanniques, des canadiens, des néo-zélandais, des étasuniens, des asiatiques et des africains venus des colonies, etc … les différentes alliances regroupaient bien des nations).
Désormais, 14-18 ne fait plus partie de l’histoire vivante. Tous les poilus sont morts. Presque un siècle nous sépare des événements. Le tourisme de mémoire qui existe dans les sites de la Meuse a longtemps été animé par les anciens combattants et les familles des victimes.
La visite des sites prend désormais une dimension plus universelle avec la fréquentation d’un autre public. Plus large, plus jeune, plus international.
La découverte des traces de la Première Guerre mondiale reste émouvante.
Les scolaires y trouvent un livre d’histoire en trois dimensions et le grand public l’évocation saisissante de la réalité du premier « conflit industriel » comme le soulignent les historiens.
Il est encore important aujourd’hui de se souvenir. Dans la Meuse, les lieux de mémoire, peut-être plus que les musées, sont des sites encore terriblement imprégnés par tous les destins brisés au front.
Le champ de bataille
On l’appelle la zone rouge. Ce terrain de 120 000 hectares porte toujours les marques des effroyables combats. La bataille de Verdun fut une des plus longues de l’histoire militaire (300 jours) et une des plus meurtrières (plus de 300 000 morts).
Le paysage lunaire témoigne de la violence et de la fréquence des obus qui ont mitraillés les deux camps. Un vrai déluge de feu s’est abattu ici. Pendant la guerre, toute trace de végétation avait disparu. Aujourd’hui, la nature a repris ses droits et les plaines vallonnées recouvertes d’herbe tendre et de forêts verdoyantes, incitent à la promenade. Malgré les paysages paisibles, le sol respire encore des souffrances des soldats.
Pierre Lenhard insiste sur certains aspects aujourd’hui impalpables des jours de guerre au front :
Aucune reconstruction n’est permise sur le champ de bataille. Le sol reste truffé d’obus non explosés et de restes de soldats. La zone rouge est donc une immense nécropole à elle toute seule. Le choix de ne pas toucher au paysage des conflits s’explique aussi par la volonté de préserver la Mémoire.
En revanche, vous y retrouvez les différents sites mémoriels : le Mémorial, le fort de Douaumont, l’Ossuaire…
Le Mémorial
Ce musée renferme une riche collection d'objets authentiques de la Grande Guerre : véhicules, avions, uniformes, armes… Toute une panoplie qui témoigne des souffrances des soldats au front. L’ensemble se situe autour d’une étonnante reconstitution du champ de bataille, comme en 1916.
Le colonel Pierson, directeur du Mémorial présente les sections les plus spectaculaires du musée et raconte en quoi la Première Guerre mondiale diffère des précédents conflits :
La tranchée des baïonnettes
La légende raconte que le 11 juin 1916 suite à l’explosion d’un obus allemand, 57 hommes du 137ème régiment d’infanterie sont enterrés vivants et debout. C’est vrai que les militaires découvrent des pointes de baïonnettes dépassant du sol, dressées vers le ciel. En 1920, un mémorial est érigé au dessus de la tranchée où s’est déroulé cet épisode surprenant. Les historiens découvriront plus tard que les soldats morts ici ne sont pas décédés debout…
La voie sacrée
Longue de 60 km, elle relie Bar-le-Duc à Verdun. Ce fut une route hautement stratégique pendant les 300 jours de la bataille de Verdun comme l’explique Serge Barcellini :
Aujourd’hui, la voie sacrée est parsemée de bornes ornées de casques de soldat.
Un musée rappelle l’importante de cette chaussée en 1916.
La tranchée de Mogeville
Dans un village situé sur les premières lignes de combat de 1914 à 1916, complètement détruit pendant la bataille de Verdun, 12 bénévoles de l’association « La tranchée » ont reconstitué… une tranchée !
Ils l’ont creusé à la main : 75m dans le sol meusien, aussi réaliste qu’à l’époque.
Saluons l’initiative de ces passionnés d’histoire car les tranchées (pourtant si intimement liées à la Première Guerre mondiale) ont quasiment toutes disparues, pulvérisées par les obus ou remblayées après le conflit.
La tranchée de Mogeville est visitable en été (voir le site pour plus de précision). Les membres de l’association y reconstituent la vie des poilus en s’habillant comme en 14.
Le fort de Douaumont
Après la défaite de la France contre la Prusse, et la perte de l’Alsace et de la Moselle, l’Etat fait construire à partir de 1885 une série de forts pour protéger la nouvelle frontière.
Le fort de Douaumont est un exemple de la modernité militaire de l’époque, avec ses trois nivaux de galeries, ses casemates, et observatoires, tourelles de mitrailleuses et de canons.
Il est pourtant désarmé en 1914, au profit des troupes combattant dans la Marne.
Les Allemands s’emparent du fort de Douaumont en février 1916, au début de la bataille de Verdun et l’occuperont jusqu’en octobre quand les Français reprennent ce point stratégique.
Il en allait alors de l’honneur national de reconquérir Douaumont.
Entrons dans ses entrailles avec Catherine Kremer, guide :
Ossuaire de Douaumont
Les ossements de 130 000 soldats allemands et français sont réunis dans cet étonnant sanctuaire, construit dans les années 20. Devant l’Ossuaire, plus de 16 000 croix habillent l’ancien champ de bataille d’une ambiance funeste.
Par endroit, des lucarnes permettent de voir crânes et os entassés : un face-à-face saisissant avec la mort et les atrocités de 14-18.
En arrivant sur le site, le visiteur est d’abord frappé par le monument imposant. Son architecture ne doit rien au hasard comme le souligne Pierre Lenhard :
Les vitraux de la chapelle de l'ossuaire de Douaumont, classés "monument historique", représentent le chemin de croix du soldat. On y voit des aumôniers dans les tranchées célébrant la communion, des infirmières portant secours à des poilus étendus sur des civières…
Sur le site, un carré et un monument sont dédiés aux victimes musulmanes.
Les villages détruits
Neuf villages français de quelques centaines d’habitants chacun furent complètement détruits pendant la bataille de Verdun. Celui de Fleury-devant-Douaumont a même été pris et repris 16 fois par les Français et les Allemands !
Après guerre, six villages n’ont jamais été reconstruits. Evacués avant les combats, les maisons n’ont pas résisté à la violence des tirs d’obus. Aujourd’hui, il ne reste plus rien, mais ces bourgs se visitent toujours.
Il se dégage de la promenade en forêt une forte émotion.
Ces villages ont toujours un maire et ils ont été décorés de la Croix de Guerre comme les hommes morts pour la France.
Bezonvaux nous a particulièrement ému.
Fort de la Falouse
Ce fort construit en 1906 a été ouvert au public en 2010 pour permettre de visualiser la vie à l’arrière du front durant la bataille de Verdun. On peut aussi voir sur le site un réseau de tranchées.
Des flammes… à la lumière
Chaque été, depuis les années 90, une immense fresque « son et lumière » fait revivre la Grande Guerre. Plus de 600 bénévoles revêtent les uniformes et costumes d’époque pour raconter les terribles moments vécus à Verdun. Regardez la bande-annonce.
Le Centre Mondial de la Paix
Parce que Verdun est éternellement lié à la guerre, il fallait bien ici parler aussi de paix.
En 1966, lors du 50ème anniversaire de la bataille de Verdun, le Livre de la Paix est inauguré à l'hôtel de ville et signé par le Général De Gaulle.
Verdun s'autoproclame alors “Capitale de la Paix”. Le 22 septembre 1984, le président Mitterrand et le chancelier Kohl viennent se recueillir en silence, main dans la main, devant l'Ossuaire de Douaumont.
Le Centre Mondial de la Paix, né au début des années 90, apparaît donc comme l’aboutissement des démarches antérieures pour donner une autre image à Verdun.
Installé dans l’ancien palais épiscopal (un des chefs d’œuvre de l’architecture française du XVIIIème siècle), le Centre explique dans son exposition permanente pourquoi les guerres éclatent et comment il est possible de rétablir la paix. Elle présente également de façon très pédagogique comment on peut sauvegarder la paix, quels sont les principaux risques de guerre dans l’avenir et comment on peut espérer les éviter…
Le Centre Mondial de la Paix est aussi réputé pour ses expositions temporaires. Voir le programme.
Informations Pratiques :
Verdun est, depuis 2007, à 1h00 de Paris en TGV.
Pour visiter Verdun, les champs de bataille et les souvenirs de la Grande Guerre, consultez les pages du comité Départemental de la Meuse et de la ville de Verdun.
Une fois à Verdun, au bord de la Meuse, profitez aussi du patrimoine ancien de la ville : hôtel particulier renaissance, porte fortifiée médiévale, cloitre gothique, cathédrale, musée d'histoire locale…
Verdun est célèbre depuis 843 quand Charlemagne y partage son empire entre ses trois petit-fils.
C’est aussi ici qu’au XIIIème siècle, on invente la dragée -on peut d'ailleurs visiter une usine-.
Page réalisée en collaboration avec Alice Milot.
Photos : Alice Milot, Michel Petit, J-Marie Perraux.
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3 Comments
bonjour
j ai fait mon service militaire au 150e R I a thierville a cote de verdun en 1980 j en ai garder un tres bon souvenir pour preuve ca fait 32ans que j y vais tout les 11novembre et j ai pat tout vus.c est un lieu de mémoire.
je trouve sa trés bien que l'ont pense a nos ancient combattent car ses grace a eu que l'ont as se que nous avons et j 'ai un artiste Quebecois qui as fait une chanson qui se nomme LE COQUELICOT OUBLIER qui est la chanson thème de l'hopital des vétérant de Saint-anne de bellvue aller voir son cite http://www.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fwww.michelloiselle.com%2F&h=9d775
et pour plus d'info veillé contacter sylvain a lesproductionjsd@gmail.com
Bonjour,
Encore une fois une des plus belle page de la bataille a été omis... celle du fort de Vaux !!!
On parle de celui de Douaumont, pris et repris sans combattre, donc sans histoire...
Merci.
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