17 déc. 2010 - 16:35
Malgré un grand fleuve à ses pieds, Paris a longtemps manqué d’eau ou, du moins, n’a pas eu accès à une eau de qualité.
Il faut attendre les travaux entrepris par Eugène Belgrand
(1810-1878) pour faire entrer la capitale dans la modernité et la salubrité.
Dans la second moitié du XIXème siècle, cet ingénieur des Ponts et Chaussées, va créer, sous l’égide du Baron Haussmann et de l’empereur, le premier réseau unifié d’adduction d’eau potable.
Comme toutes les transformations de Paris dans les années 1860-80, ces aménagements s’accompagnent de travaux colossaux : aqueducs, réservoirs, regards, usines de traitements d’eau potable, galeries souterraines…
C’est à cet inconnu célèbre que l’on doit d’avoir de l’eau à tous les étages. Et son réseau est toujours en activité.
Mais le rapport entre les Parisiens et l’accès à l’eau ne date pas du Second Empire.
Déjà au Moyen Age, des congrégations religieuses, des échevins et des souverains organisent des réseaux d’eau dont certains existent encore.
Bien souvent, les Parisiens ignorent que des bâtiments dédiés à ces usages sont toujours là. De tous temps, les édiles ont voulu marquer leur politique de l’eau dans le regard des Parisiens. Un sujet qui a toujours été sensible.
Visitons ensemble Paris au fil des aqueducs, réservoirs, fontaines et regards disséminés aux quatre coins de la ville. On y découvre un patrimoine méconnu et caché.
Vous pouvez aussi écouter (ou télécharger) l’émission que nous avons réalisé sur ce sujet :
C’est une ancienne halle industrielle qui relevait l’eau de la Seine pour l’acheminer vers un réservoir d’eau non potable destiné à l’arrosage des jardins et au nettoyage des rues de Paris.
Une exposition permanente explique le cycle de l’eau domestique et ses spécificités dans une ville comme Paris.
On y découvre aussi la qualité de l’eau du robinet.
Enfin, un programme d’expositions temporaires anime le lieu tout au long de l’année.
Jusqu’au 29 janvier 2011 « De l’eau pour Paris : Haussmann/Belgrand naissance d’un service public » retrace les différents travaux menés par Eugène Belgrand pour alimenter Paris en eau. Un réseau d’adduction et d’assainissement que les Parisiens utilisent encore aujourd’hui !
Entrée libre.
Marie de Médicis reprend le souhait de son défunt mari Henri IV et fait bâtir entre 1613 et 1623
la Maison du Fontainier pour servir de point final à l’aqueduc de Rungis. L’eau arrivait ici avant d’être répartie entre les fontaines du palais du Luxembourg (résidence de la reine), les congrégations religieuses du quartier et des fontaines publiques.
Les bassins et galeries construits en sous-sol au XVIIème siècle existent toujours. Les volumes et l’architecture impressionnent.
En 1845, un réservoir vient compléter le réseau d’origine. C’est un ouvrage incroyable avec cinq rangées de quatorze piliers d’une contenance d’un peu plus d’un million de litres… Le premier grand réservoir parisien.
Elle est aussi accessible aux visiteurs pendant les Journées du Patrimoine en septembre.
Redécouvrir Paris et ses quartiers au fil de l’eau, entre aqueducs, regards et fontaines, c’est l’objectif de ses balades assurées par différentes associations depassionnés.
L’association Percevoir organise depuis 2003 des visites pour découvrir les fontaines par le toucher. La découverte tactile des fontaines Wallace nous apprend notamment qu’elles sont très différentes les unes des autres !
Suivons une partie de la visite :
L’équipe de conférencières a longuement travaillé pour rassembler des informations peu connues sur les usages liés à l’eau dans la capitale. Elles proposent également de suivre le parcours des porteurs d’eau sous l’Ancien Régime ou encore la découverte des réservoirs de Paris.
Dans les XIXème et XXème arrondissements, l’ASNEP (l’Association des Sources du Nord Etude et Préservation) organise une balade passionnante dans les rues de la colline de Belleville à la découverte des aqueducs qui alimentaient, dès le XIIème siècle, des communautés religieuses installées sur la rive droite de Paris et quelques fontaines publiques.
Grâce à cette visite de trois heures, on peut pénétrer à l’intérieur de plusieurs regards (des bâtiments construits pour vérifier l’état des canalisations) et dans certaines galeries souterraines.
Ces ouvrages remontent aux XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles, avant les travaux de Belgrand. Si certains sont assez modestes, d’autres prennent l’allure de pavillons architecturalement très soignés.
(Pour le programme des visites de l'ASNEP, consultez le dépliant du Pavillon de l'eau : "parcours de l’eau à Paris")
A la belle saison,
le Centre des Monuments Nationaux organise des visites dans certains quartiers de Paris autour de l'histoire de l'eau dans la capitale. Voir le programme du centre.
Deux fois par an,
le Pavillon de l’eau édite un dépliant « parcours de l’eau à Paris » mentionnant le programme complet des visites organisées sous son égide dans les différents sites patrimoniaux liés à l’eau.
Ce livre recense la moitié des trois cents fontaines de la capitale. Il raconte l’histoire et l’usage des plus emblématiques, arrondissement par arrondissement.
Conçu par Jacques Barozzi, ce guide s’attache surtout à regarder les fontaines du point de vue de l’histoire de l’art.
Cet ouvrage attire notre attention sur un patrimoine qu’on a tendance à oublier, tant il fait partie du décor. Qui regarde encore aujourd’hui attentivement la fontaine du Palmier, place du Chatelet, voulue par Napoléon Ier au moment où l’empereur lance la première vraie tentative de politique d’eau publique dans la capitale ?
Le livre édité par Parigramme, rappelle aussi l’histoire des plus célèbres fontaines de Paris comme celle des Quatre Saisons (57-59 rue de Grenelle), construite au XVIIIème siècle pour rivaliser avec la magnificence et le gigantisme de celles de Rome.
Les Parisiens ne le savent peut-être pas, mais sous leurs pieds, à près de 700 mètres sous terre, se trouve une réserve d’eau extraordinaire : la nappe de l’Albien. Elle est constituée d’une eau pure (de l’eau de pluie remontant à la préhistoire) qui, au fil du temps, s’est retrouvée captive entre deux couches de roches imperméables. Elle sort à 28°.
On peut encore aujourd’hui la boire et la puiser gratuitement à trois fontaines disséminées dans Paris. Celle de la place Verlaine, au cœur du quartier de la Butte aux Cailles dans le XIIIème arrondissement, est prise d’assaut notamment le dimanche matin ; Celles du square Lamartine (XVIème arr.) et du square de la Madone dans le XVIIIème arr. sont aussi très fréquentées.
Pour ceux qui préfèrent l’eau gazeuse, une fontaine a récemment été équipée d’une machine qui refroidit l’eau et y introduit du CO2 pour lui donner un petit goût pétillant. Elle se trouve dans le square de Reuilly en face de la mairie du XIIème arr. de Paris.
Une section du réseau des égouts est ouverte au public au Pont de l’Alma, rive gauche (face au 93 quai d'Orsay). Cette portion encore en activité accueille aussi un musée. Il raconte l’histoire des égouts, le travail des égoutiers et les questions d’assainissement de l’eau dans les lieux mêmes de ces activités. Visitez-le en suivant Chris sur cette
vidéo en anglais.
(Si vous souhaitez y aller, le musée est ouvert tous les jours sauf jeudi et vendredi de 11h à 16h ou 17h selon la saison - fermeture annuelle deux semaines à la mi janvier-)
Il y est bien sûr question d’Eugène Belgrand car il a abordé l’eau dans son cycle complet allant de l’approvisionnement à
l’assainissement. Son autre grande œuvre, ce sont donc les égouts.
Le réseau comprend près de 2 400 kilomètres de galeries destinées à collecter et évacuer les eaux de ruissellement et les eaux usées. Sous l’impulsion de Belgrand, toutes les rues de la capitale ont été doublées d’une galerie en sous-sol pour évacuer les eaux usées et abriter les canalisations d’eau potable. C’est un véritable second maillage urbain souterrain. Belgrand a conçu des galeries à taille humaine donc visitables et permettant d’intervenir en cas de fuite ou de problèmes sur les canalisations.
Page réalisée avec Alexia Gaillard
Photos : Eau de Paris, Alexia Gaillard, Gérard Duserre/ASNEP, Mairie de Paris - STEA, Association Sauvegarde et Mise en Valeur du Paris Historique.
L’eau potable, l’adduction, l’assainissement … des enjeux qui occupent les Parisiens depuis des siècles.
1 Comments
L'eau est un beau paradigme. Pourquoi maqnue-t-telle alors qu'il y en a tant ? Comment articuler les rf4les des collectivite9s publiques et de l'initiative prive9e ? la gratuite9 est-elle re9ellement souhaitable, pour qui, dans quelles circonstances ?L'exemple de la pompe est excellent. Tout le monde reave de LA pompe standard. Mais si elle avait e9te9 mise au point, mettons il y a 50 ans, elle serait aujourd'hui comme elle e9tait il y 50 ans. Est-ce vraiment souhaitable ?Bien e0 vous.
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