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18 févr. 2011 - 20:22
Le Périgord : la Préhistoire dans tous ses éclats
Avec 15 sites inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco, la Vallée de la Vézère concentre un nombre et une qualité de témoignages préhistoriques uniques au monde. C’est l’endroit idéal pour mieux faire connaissance avec l’homme de Cro-Magnon, loin des clichés de la « guerre du feu ». Sur 30 km, immersion au temps des chasseurs-cueilleurs, nomades mais aussi artistes.
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Grottes ornées, abris sous roche, outils, sculptures … la Préhistoire se décline sous toutes ses formes dans la Vallée de la Vézère, à quelques kilomètres de Sarlat. Cette « vallée de l’homme » permet de parcourir 400 000 années de présence humaine et concentre plus de 200 sites paléolithiques. Cette densité, alliée à d'exceptionnelles découvertes, confère à la vallée un statut unique au monde.
Si le grand public reste subjugué par l’art des cavernes, il est
souvent perplexe devant les silex taillés et autres objets préhistoriques sortis de leur contexte. Pas de panique. Les guides et professionnels du tourisme de la Vallée de la Vézère sont tous des passionnés qui donnent du relief et du piquant à cette période très lointaine.

Les démonstrations d’archéologie expérimentale ou les ateliers d’initiation rendent aussi la Préhistoire vivante et passionnante.
Emerveillement, questionnement, surprises : la découverte de la Préhistoire dans le Périgord est un condensé d’émotions et un puissant remède aux clichés qui envahissent encore trop souvent nos esprits.
Ecoutez ou téléchargez les deux émissions que nous avons réalisées sur le sujet :
- L’art des grottes ornées (téléchargement) :
- La vie dans la vallée de la Vézère au paléolithique (téléchargement) :
Les chefs d’œuvre de l’art des cavernes

Dans le Périgord, elles datent du Magdalénien, la dernière et plus récente période du paléolithique (entre 17 000 et 10 000 avant notre ère). Les scènes animalières, polychromes, naturalistes et détaillées montrent aussi que les artistes connaissaient la perspective.
Grotte trop fragile, on ne visite plus Lascaux (sauf via Internet). En revanche, Lascaux 2 est accessible toute l’année à la visite. Ce fac-similé, ouvert en 1983, reproduit parfaitement la déclivité, la température et les volumes de la célèbre salle des taureaux et du diverticule axial. C’est à ces deux espaces que Lascaux doit sont surnom de « Chapelle Sixtine de la Préhistoire ».
Grâce à cette reproduction, chacun peut encore capter à quel point Lascaux est une grotte à part. La richesse, l’éclat et les dimensions des animaux sont ici à nuls autres pareils.
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La grotte de Font de Gaume présente des peintures préhistoriques polychromes originales. Notamment une frise de douze bisons. C’est aujourd’hui la seule caverne ouverte au public où l’on peut voir des originaux de cette qualité. Seulement 180 personnes par jour peuvent admirer, dans le long, tortueux et étroit boyau, les animaux peints sur les parois. C'est une expérience émouvante et envoutante. En été, mieux vaut réserver à l’avance…
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La grotte de Rouffignac abrite des dessins de mammouth. Plus loin dans la région, celles de Villars et du Pech-Merle sont célèbres pour leurs dessins de chevaux. La grotte de Bernifal conserve aussi des dessins.
L’art des cavernes se distingue aussi par ses gravures (l’expression pariétale la plus répandue) mais elles sont moins évidentes à distinguer (grottes à visiter : Rouffignac, les Combarelles, Bara-Bahau, Bernifal).

Pour compléter son savoir sur l’art des grottes ornées, il faut faire un arrêt au Thot. Un espace muséographique montre, par l’intermédiaire d’installations multimédia, les dessins et peintures préhistoriques en train de se faire grâce au pinceau invisible de l’artiste. Traits par traits, deux bisons apparaissent sous nos yeux. Des scènes avec mannequins et décors expliquent aussi les processus de création. Des fac-similés complètent l’ensemble ainsi qu’un parc animalier accueillant certaines espèces peintes à la Préhistoire. A conseiller pour une visite avec des enfants.
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L’art autour du foyer
L’expression artistique des hommes de Cro-Magnon ne s’est pas limitée aux sombres et profondes grottes. Dans leur habitat quotidien, les hommes du paléolithique supérieur ont sculpté, gravé, modelé des outils, armes, parures et figurines. Le Musée National de la Préhistoire aux Eyzies présente une des plus belles collections d’objets préhistoriques (comme le montrent les photos ci-dessous). Le musée possède aussi la première collection au monde de blocs ornés (ensemble de bas-reliefs).
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L’abri du Cap Blanc montre une frise sculptée il y a plus de 15 000 ans comprenant chevaux, bisons et rennes dont certains dépassent deux mètres de long. C’est le seul site au monde l’où on peut voir ce genre de bas-reliefs monumentaux. Sur la voute de l’abri du
poisson, c’est un saumon de plus d’un mètre qui est sculpté et gravé. Les hommes préhistoriques ont rarement représenté des poissons et encore moins de cette taille là !

Le site de Castel-Merle possède plusieurs abris sous roche fouillés dès 1878. Les archéologues y ont découverts peintures, gravures et sculptures dont certaines sont encore en place. Les expressions artistiques sur les parois des abris se faisaient donc aussi en parallèle de la vie quotidienne.
Le site est également renommé pour ses ateliers paléolitihques de bijoux et parures. Certains abris sont encore fouillés de nos jours par des chercheurs de l'Université de New-York.
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La vie quotidienne dans les abris sous roche
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Ces cavités furent les lieux de vie privilégiés des hommes préhistoriques qui se trouvaient à l’abri des animaux sauvages, du vent et du froid. Ils ont choisi des espaces prenant bien le soleil pour vivre plus confortablement en ces périodes de glaciation. Aménagés en hauteur, les abris sous roche permettaient aussi de voir les troupeaux disponibles pour la chasse.
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C’est dans ces refuges que les archéologues ont trouvé les plus importantes traces de vie. Les chantiers de fouille préhistoriques sont appelés des gisements et plusieurs se visitent (abris de Laugerie-Basse et Laugerie-haute, de La Micoque, de Castel-Merle, Pataud, de la Ferrassie)

Cro-Magnon, notre ancêtre
Aux Eyzies, derrière un hôtel 1900 recouvert de glycines, à l’écart d’un chemin forestier, on passerait presque à côté de l’abri de Cro-Magnon, là où furent trouvés les premiers restes de nos plus lointains ancêtres directs.
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Ce sont tous les aspects de la vie de ces hommes du paléolithique supérieur qu’on découvre en parcourant les sites majeurs de la vallée de la Vézère. D’autres squelettes seront mis à jours plus tard, comme à l’abri Pataud en 1958. Un musée est installé sur le site de ce chantier de fouille et explique la vie quotidienne des hommes (et femmes) de Cro-Magnon.
Neandertal, le mal aimé

Les sites de la vallée de la Vézère permettent de rendre à cette espèce (ou sous-espèce ?) humaine aujourd’hui éteinte toute sa place dans l’histoire de l’humanité.
Le site du Moustier a donné son nom à la période du paléolithique moyen (Moustérien) pendant laquelle se développe la culture si particulière des néandertaliens : ils vivent en groupes organisés, imaginent des tailles complexes d’outils mais surtout sont les premiers à enterrer leurs morts.
Les objets trouvés près de certains défunts tendraient à prouver qu’ils avaient même des rites funéraires particuliers.
L’homme de Neandertal est également le premier à se préoccuper d’esthétisme.

Cette humanité différente de nous disparaît progressivement vers 30 000 ans avant notre ère et a, semble-t-il, cohabité un temps avec Cro-Magnon.
Près de Montignac, le site privé et familial du Regourdou avec un gisement, des sépultures Néandertaliennes et des ours évoque aussi la culture moustérienne de Neandertal.
Les Eyzies, capitale de la Préhistoire
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Ils y trouvent silex taillés, armes décorées, grottes ornées puis squelettes, autant de preuves qui soutiennent la thèse darwinienne de l’évolution des espèces contre les créationnistes. La presse se fait largement l’écho de ces trouvailles et des débats qui en découlent.
C’est ici que naît la Préhistoire comme science. Les sites des environs vont servir de référence à une bonne partie de la chronologie préhistorique. Très tôt dans le XXème siècle, la décision est prise de conserver sur place le contenu des fouilles. C’est en quelques sortes l’acte de naissance du Musée National de la Préhistoire.
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Dès la Belle-Epoque, Les Eyzies deviennent célèbres. Le chemin de fer, en plein développement, permet d’acheminer les premiers touristes.
En 1931, « l’homme primitif » du sculpteur Paul Dardé est posé sous la grande falaise et devient le symbole de cette occupation remarquable au paléolithique.
La commune possède encore le record de la plus grande concentration de sites inscrits ou classés en France.
La Préhistoire au bout des doigts
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Plusieurs sites proposent en saison ou à l’année d’assister à la taille de silex ou à l’allumage du feu (Castel-Merle, atelier Palaïos, Musée National de la Préhistoire, grottes du Roc de Cazelle, Le Thot…).
Le public peut aussi participer à des animations pour créer lui-même une parure, peindre sur une paroi ou s’initier au tir au propulseur de sagaie (Castel-Merle, Le Thot, Roc de Cazelle)
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Le Musée National de la Préhistoire organise aussi des ateliers d’initiation à la fouille archéologique (voir le programme sur son site à la rubrique "activités").
Le Pôle International de la Préhistoire possède un espace pédagogique avec la reconstitution d’un chantier de fouille. Il est dédié aux scolaires ainsi qu'aux enfants et adultes pendant les vacances.
Aux grottes du Roc de Cazelle et au Prehisto Parc de Tursac, on peut découvrir des reconstitutions de la vie quotidienne (mannequins) en situation dans la nature et dans les abris.
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Le Pôle International de la Préhistoire (PIP)

Il accueille, renseigne et oriente les visiteurs en plusieurs langues. Ses expositions temporaires comme ses espaces permanents présentent et expliquent le patrimoine préhistorique au grand public.
C’est un bon point de départ pour acquérir quelques bases et repères (chronologiques entre autre). Une médiathèque est accessible à ceux qui veulent aller plus loin.
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Informations pratiques
La découverte du Périgord préhistorique se fait dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, le long de la Vézère (entre Montignac, les Eyzies et Le Bugue). C’est une petite région au charme fou, ponctuée de châteaux et de villages pittoresques. Il n’y a aucune pollution visuelle et les sites sont à chaque fois séduisants.
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Dans ce coin du Périgord, chambres d’hôtes, gîtes et hôtels de charme ne manquent pas. Tout comme les bonnes tables (on est tout de même au pays de la truffe et du foie gras !).
La boucle de la Micoque est un sentier de randonnée aménagé par le PIP pour découvrir en marchant les principaux sites autour des Eyzies. De 5 ou 12 km, cette boucle passe entre autre par l’abri de Cro-Magnon et celui du Poisson, par le gisement de la Micoque et le site de la Madeleine. Les randonneurs cheminent à travers une très belle campagne française avec de beaux points de vue sur la Vézère. Parcours pour tout public, sans difficultés.
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Pour préparer un séjour regardez le site du Périgord Noir et celui des Offices du Tourisme de la Vallée Vézère.
Pour bien visiter le Périgord, emportez le Guide Bleu Hachette "Périgord Quercy".
Les amateurs de préhistoire iront jeter un œil sur le riche et très instructif site hominidés.com

(Photos : Appi/Semitour, Akim Benbrahim/Destination Périgord Noir, OT Terre de Cro-Magnon, Grotte du Sorcier, Ludovic Dunod, Pôle International de la Préhistoire, Musée National de la Préhistoire, Les Eyzies / RMN, Philippe Jugie / Centre des Monuments Nationaux)
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