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16 juin 2011 - 16:58
Dublin, terre d’écrivains
La capitale irlandaise n’a pas attendu la renommée mondiale d’ « Ulysse » de James Joyce, ni même les récents succès de Roddy Doyle pour inspirer et abriter les hommes de lettres. Balade à travers les siècles et au fil des pages sur le pavé dublinois. La meilleure période pour partir à la découverte des écrivains irlandais est certainement mi-juin au moment du Bloomsday, célébrant l’œuvre phare de Joyce.
Le lien très fort qui unie les Irlandais et les lettres se perd dans la nuit des temps. C’est à travers les livres et la poésie que les Irlandais ont cultivé, préservé et ravivé, au fil des siècles, leur identité et leur imaginaire.
Plus que tout autre discipline artistique, la littérature est très féconde sur cette île de l’Ouest européen (étonnant pour un pays de cette taille).
Les auteurs irlandais ont su chambouler les traditions, surprendre et révolutionner la littérature. Ils ont aussi exploré de nombreux champs : poésie, romantisme, récits sociaux et engagés, épouvante, comédie, ironie, humour noir, absurde…
Dublin garde et entretient de nombreux souvenirs des auteurs qui ont fait la renommée du pays. Ils ont, la plupart du temps rencontré le succès loin de leur terre natale mais sont toujours restés terriblement irlandais. C’est un des paradoxes de Dublin : avoir enfanté autant de génies littéraires qui ont dû immigrer loin d’une société catholique très pudibonde et censeur pour laisser libre court à leur créativité.
L’Irlande s’enorgueillit d’avoir pas moins de quatre prix Nobel de littérature : William Butler Yeats, George Bernard Shaw, Samuel Beckett et Seamus Heaney.
Mais Dublin ne veille pas que sur son patrimoine. Les auteurs contemporains sont toujours aussi doués et productifs. En plus, la ville, avec ses parcs à l’anglaise, est idéale pour la lecture…
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons consacré à ce sujet :
James Joyce en son royaume
S’il est un écrivain qui a placé la ville de Dublin au centre de son œuvre, c’est bel et bien James Joyce. Que ce soit en décrivant avec une acuité déconcertante les mœurs des gens de Dublin dans l’ouvrage du même nom ou en nous emmenant à travers la capitale irlandaise du début du XXe siècle, dans les pas de Léopold Bloom, personnage phare de son chef d’œuvre « Ulysse »…
Dublin apparaît donc comme un royaume pour sa majesté Joyce qui a inscrit à tout jamais son empreinte dans les pavés de la ville et le cœur des Irlandais.
Chaque année, le 16 juin, la ville toute entière célèbre l’odyssée de Léopold Bloom à travers la capitale grâce au Bloomsday.
Cette fête, traditionnelle (la première édition a eu lieu en 1954) et décalée, reste le meilleur moment pour entrer avec ferveur et décontraction dans l’univers si particulier du livre.
Extraits joués par des comédiens, lectures, visites guidées permettent par le jeu et le spectacle d’approcher une œuvre révolutionnaire, ardue et complexe au premier abord.
Le style, les différents niveaux de lecture, la psychologie des personnages imaginés par un auteur connu pour sa supériorité d’esprit et son arrogance, fascinent des millions de fans à travers le monde. Le Bloomsday demeure leur point de ralliement.
Véritable expérience littéraire à ciel ouvert, cette fête plonge Dublinois et visiteurs dans l’atmosphère du 16 juin 1904, date à laquelle Joyce place l’« Odyssée » de son antihéros.
On peut apprécier cette journée particulière sans être un parfait anglophone. La musicalité de la langue et la jovialité des participants font entrer tout le monde dans le jeu.
Si vous avez l’estomac bien accroché, vous pouvez également déguster un petit déjeuner à base de rognons comme Léoplod Bloom le fait dans le livre ou encore, à l’heure de déjeuner, l’imiter en vous régalant d’un sandwich au gorgonzola et d’un verre de Bourgogne à l’incontournable pub Davy Byrnes.
S’il est vrai que James Joyce a écrit « Ulysse » à l’étranger et qu’il entretenait une relation ambigüe avec la cité qui l’a vu naître, il est étonnant de voir à quel point, 90 ans après sa publication, les Dublinois demeurent attachés à cette œuvre littéraire à la réputation sulfureuse (l’ouvrage a été censuré dès sa première parution en 1922). Avec générosité et humilité (des penchants bien irlandais !), ils ont su s’emparer des 28 chapitres de cette somme très savante.
Tout au long de l’année, on peut s’initier à l’œuvre et à l’univers de Joyce au centre de ressources James Joyce (The James Joyce Center) aménagé dans une belle demeure du XVIIIe siècle.
Par l’intermédiaire de décors reconstitués, d’outils multimédias, de souvenirs personnels ou d’objets évoquants « Ulysse », le visiteur entre de façon pédagogique dans l’œuvre principale de Joyce. Le James Joyce Center organise aussi des visites guidées à travers Dublin sur les pas du romancier et de ses romans.
Près de la rivière Liffey qui traverse Dublin, des bénévoles font vivre un curieux endroit, à ne pas manquer si vous aimez les vieilles échoppes où flottent le doux parfum d’antan : la pharmacie Sweny.
Rendue célèbre par « Ulysse », cette boutique-musée, ouverte à l’année, ressemble toujours à ce que l’on peut lire dans les pages de Joyce. Dans ce décor immuable, on y vend des livres de seconde main et des savons au citron (ce que Léopold Bloom est venu chercher ici !). Des comédiens jouent, en costume d’époque, des scènes d’"Ulysse". Très drôle et attachant. Un mini-Bloomsday tout au long de l’année.
Dernier lieu emblématique du livre et non des moindres : la « James Joyce Tower and Museum ».
Point de départ de l’ouvrage, cette tour est située à Sandycove dans la banlieue dublinoise. Construite au bord de la mer d’Irlande, elle offre une vue imprenable sur la baie de Dublin.
Après avoir gravi l’étroit escalier en colimaçon de cette forteresse édifiée au départ pour contrer les invasions napoléoniennes, on peut vraiment se refaire la scène d’ouverture du livre. Perché en haut de cette tour, dans laquelle Joyce a lui-même vécu une courte semaine, on y ressent parfaitement l’atmosphère étrange et déroutante des premières lignes d'«Ulysse».
Le musée expose des objets personnels de Joyce.
En ville, 14 plaques de bronze signalent les principales haltes d’ « Ulysse ». Le parcours fait 29 km dans sa totalité dont 8 sont réalisables à pied ! L’office du tourisme édite un dépliant pour faire soi-même le « marathon » de Léopold Bloom.
Des souvenirs litteraires partout en ville
Dublin, glorifie les écrivains irlandais un peu partout : noms de magasins, de restaurants ou de bars comme Pygmalion (clin d’œil à la pièce de G.B. Shaw), plaques commémoratives ou statues…
Le tombeau de Jonathan Swift, dans le chœur de la cathédrale Saint-Patrick, est un prétexte pour découvrir un personnage plus complexe que le simple auteur des « Voyages de Gulliver » (1726). Il était aussi pamphlétaire, défenseur des pauvres, écrivain au féroce humour noir, ennemi des anglais. Il meurt à moitié fou en 1745.
Son épitaphe fut rédigée par W.B Yeats, autre grande figure de la littérature irlandaise : « Il gît là où les fureurs de l’indignation ne déchireront plus son cœur. Va ton chemin, voyageur, et imite, si tu le peux, celui qui fut au meilleur de lui-même l’inflexible défenseur de la liberté. »
Le musée des écrivains (Dublin Writers Museum), installé dans une belle maison géorgienne, retrace l’histoire de la littérature irlandaise des origines aux années 70/80. Manuscrits, lettres, éditions rares et « reliques » (comme le piano de Joyce, les lunettes d’O’Cadhain ou la machine à écrire de Samuel Beckett) sont exposés dans des salles intimes, à la muséographie désuète mais pleines de charme.
Ceux qui trouvent les lettres austères et ennuyeuses sont mal tombés en Irlande !
Fort de sa tradition orale millénaire, le pays s’est depuis toujours approprié les romans et poèmes populaires pour mieux les déclamer, les jouer et les faire vivre auprès du grand public. Le meilleur exemple demeure le tour des pubs littéraires de Dublin, le « Dublin literary pub crawl ».
Crée en 1988 par Colum Quilligan, cette véritable institution touristique et culturelle est un parcours ludique, intelligent et entraînant à travers les pubs de la ville, sur les traces des grands écrivains irlandais.
Des comédiens font office de guide et de passeurs pour mieux entrer, une pinte de bière à la main, dans l’imaginaire de Beckett, Wilde, Kavanagh, Plunkett ou encore Joyce. Du Davy Byrnes, à l’Old Stand en passant par le pub O'Neills, chaque établissement se révèle être une scène idéale grâce à son décor pittoresque et suranné.
Au cœur de Temple Bar, le quartier historique et animé de Dublin, un autre établissement rend hommage aux lettres irlandaises : le « Oliver Saint John Gogarty ». Ce pub très touristique, bardé de drapeaux, porte le nom du poète et écrivain irlandais contemporain de Joyce. Oliver Saint John Gogarty a inspiré à Joyce le personnage de Buck Mulligan dans « Ulysse ».
Aujourd’hui, juste à côté du pub, un groupe sculpté en bronze évoque leur relation.
Des maisons d’écrivains
Il faut absolument passer par l’atmosphère chic et géorgienne de Merrion Square. La statue polychrome d’Oscar Wilde fait face à la maison d’enfance et de jeunesse du dramaturge et poète (n°1). Elle ne se visite pas.
Les milliers de fans de Wilde se replient donc autour de sa nonchalante statue et de la colonne en granit reprenant certains de ses aphorismes.
Plus loin, aux n°52 et 82 se trouvent les deux maisons où a vécu William Bulter Yeats. Ce poète et dramaturge est connu pour son engagement nationaliste (il a fondé le mouvement littéraire "Irish Literary Revival") et sa poésie inspirée du folklore et des mythes irlandais. Aujourd'hui encore, c'est un monument national (visitez virtuellement l'exposition que la National Library lui a consacré en 2010).
La maison natale de George Bernard Shaw (33 Synge St) et ses intérieurs victoriens rappelle l’atmosphère de ses célèbres pièces comme “Pygmalion” (devenu à l’écran et en chansons “My Fair Lady”). La mère de Shaw y tenait des soirées musicales réputées dans tout Dublin.
Une plaque mentionne, au 36 Kildare Street, le lieu de naissance de Bram Stoker. Dès la publication de ses premiers romans, ce journaliste et critique dramatique s’impose comme le roi de l’étrange. Sa passion pour l’ésotérisme le pousse à écrire son plus célèbre livre « Dracula », publié en 1897.
Des bibliothèques historiques
L’enceinte de Trinity College, la plus célèbre université irlandaise (ayant accueilli Bram Stoker, Oscar Wilde et Samuel Beckett) protège la plus célèbre bibliothèque d’Irlande : The Old Library. Sa Long Room s’étire sur 64 mètres. Cette galerie abrite dans ses boiseries, sur deux niveaux, 200 000 livres anciens. Ouverte tous les jours à la visite, on peut y voir le texte proclamant la République d'Iralnde en 1916.
Le "trésor" de la bibliothèque renferme le livre le plus sacré d’Irlande, The Book of Kells, manuscrit enluminé du VIIIème siècle reprenant les quatre Evangiles du Nouveau Testament.
Les enluminures et illustrations étonnent encore aujourd’hui par la fraîcheur, la vitalité et la variété de leurs couleurs. Lapis-lazuli, malachite, orpiment ou réalgar ont servi de matières premières à ces étonnants pigments.
Derrière la cathédrale Saint-Patrick, la Marsh’s Library permet d'admirer des livres remarquables des XVIème et XVIIème siècles dans un décor vieux de trois siècles. C’est la plus ancienne bibliothèque du pays. Elle se visite toute l’année. On peut aussi voir les « cages » où les bibliothécaires enfermaient les personnes qui consultaient des livres rares pour être certains qu’il n’y ait aucun vol. James Joyce a beaucoup fréquenté l’endroit.
Une ville faite pour la lecture
Si les Irlandais ont le goût de la lecture, ils peuvent pratiquer ce passe-temps intime dans le cadre bucolique et paisible des remarquables parcs de Dublin.
Saint Stephen’s Green, offert par Arthur Guiness, est un charmant parc à l’anglaise de 9 ha où on peut lire en toute quiétude, veillé par les bustes de Yeats ou Joyce.
Les Iveagh Gardens sont plus intimes mais très pittoresques avec une grotte, un labyrinthe, une cascade et une roseraie.
Quand au Phoenix Park, il reste le grand poumon vert de Dublin. Au cœur de ses 700 ha, il y a toujours un endroit calme et isolé pour se plonger dans le dernier roman à succès. En levant les yeux, il n’est pas rare de voir les daims sauvages qui peuplent ce parc.
Une soirée au théâtre
L’Abbey Theatre qui symbolise le renouveau celte et irlandais de la fin du XIX siècle n’a plus sa salle d’origine, partie en fumée en 1951. Cette institution fondée, entre autre, par Yeats, Synge et Lady Gregory présente ses productions dans un bâtiment des années 60. Cette salle de spectacle reste un lieu culturel phare de Dublin. Il fait partie des icônes de l’identité nationale tant les grands auteurs irlandais ont défendu leurs textes ici. Sean O’Casey (1883-1964) y fit jouer (pas toujours avec succès) ses pièces dans lesquelles il a su si bien dépeindre la misère, les luttes et les espoirs du peuple irlandais.
Le Gaiety Theatre reste une bonne adresse pour voir et écouter, en anglais, une comédie d’Oscar Wilde ou une pièce de G.B Shaw. Ce théâtre accueille des productions grand public.
Les écrivains d’aujourd’hui
Fort de cet héritage, la littérature irlandaise conserve encore aujourd’hui une vitalité mondialement reconnue. Il suffit de se pencher sur le nombre de grands prix littéraires anglophones remportés des deux côtés de l’Atlantique par des écrivains irlandais ou d’origine irlandaise.
Des auteurs comme Roddy Doyle, largement adapté au cinéma (The Commitments, The Van, The Snapper) ou Joseph O’Connor ont su faire entendre une voix plus contemporaine tout en décrivant, avec la même finesse et la même ironie que leurs aînés, l’Irlande.
Joseph O’ Connor, une des grandes plumes du pays, possède ce talent tout irlandais de savoir raconter de vraies histoires romanesques et tragiques tout en plongeant le lecteur au cœur de la psychologie des personnages (il poursuit peut-être le « courant de conscience » inventé par James Joyce qui entendait embarquer le lecteur à l’intérieur même des pensées profondes de ces héros).
De son côté, Seamus Heaney, poète irlandais qui a reçu le prix Nobel de Littérature en 1995, a su perpétuer la veine poétique et imagée des grands auteurs irlandais comme W.B. Yeats.
Côté Irlande du Nord, de jeunes écrivains, Robert Mac Liam Wilson en tête, ont enfin su s’inscrire dans la longue tradition d’engagement social d'une île à l’histoire politique très mouvementée.
En Irlande, le Irish Writer’s Center, une organisation unique en son genre, assure la promotion des écrivains. Le Dublin Writers Festival qui a lieu chaque année à la fin mai reste un rendez-vous incontournable pour les amoureux de littérature.
En visite à Dublin, ne manquez pas de vous arrêter dans l’une des nombreuses librairies indépendantes que compte la ville comme The Gutter Bookshop situé à Temple Bar ou à Hodges Figgis, la plus grande librairie d’Irlande fondé en 1768 et située juste à côté de Trinity College.
Si vous voulez allier le plaisir des mots et de la bonne chair, faites enfin une halte au très joli café-librairie-restaurant The Winding Stair. Sa vue imprenable sur la rivière Liffey et le célèbre Ha’penny Bridge, une des icônes de Dublin, vaut que l’on s’y attarde entre ses étagères remplies de livres et de bonnes bouteilles de vin !
Informations pratiques
Au cœur du Dublin chic, autour du Merrion Square où Wilde et Yeats ont vécu, le Merrion Hotel, un élégant établissement 5 étoiles abrite dans son charmant jardin en arrière-cour une statue de James Joyce.
Moins luxueux mais toujours très charmant, le Harcourt Hôtel se trouve dans une jolie maison géorgienne où vécut Georges Bernard Shaw avant de quitter l’Irlande pour Londres.
Pour préparer un voyage à Dublin et en Irlande, allez voir le site de l’Office Irlandais du Tourisme.
Enfin, dans vos bagages, n’oubliez pas d’emmener de bons bouquins 100% Irish !
Si vous aimez les gros pavés, n’ayez pas peur de vous plonger dans le monde foisonnant d’Ulysse. Plus petit et accessible, du même auteur, « Les Gens de Dublin », un chef d’œuvre parmi d’autres…
Plus contemporain : « A l’irlandaise » de Joseph O’Connor. Un grand livre noir qui vous emmènera au plus profond de la revanche amère d’un père de famille meurtri contre le bourreau de sa fille.
Pour les amateurs de poésie, à lire à haute voix, procurez-vous sans faute un recueil de W. B. Yeats… avec la version originale en anglais adossée à la traduction française de préférence. Pour saisir toute la musicalité des mots !
Page réalisée en collaboration avec Céline Develay-Mazurelle.
Photos : Céline Develay-Mazurelle
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