Un train pour l’Abitibi

Train de l'Abitibi, QuébecSur plus de 700 km, un train relie Montréal à la région reculée de l’Abitibi. Ce service d’utilité publique irrigue des localités très isolées du Québec. Pendant au moins 11 heures, dans un seul wagon, se mélangent fous de nature, trappeurs, chasseurs, populations autochtones ou touristes. Entre immensité des paysages nordiques et arrêts à la demande, c’est l’occasion d’entrevoir plusieurs facettes de la société québécoise. Une expérience à part.

 

Rivière en Abitibi, Québec Train de l'Abitibi, arrêt à Windigo, Québec

 

Pour prendre le temps de découvrir le Québec et les Québécois, rien de tel qu’un long voyage en train…

Ecoutez d'abord l'émission que nous avons réalisée sur ce train de l'Abitibi (ou téléchargez-la) :

 

(Le diaporama est illustré par une chanson de Chantal Archambault, jeune voix québécoise originaire de l'Abibiti - label Indica/Outside)

 

En voulant aller visiter l’Abitibi, ce Far West Québécois reculé, où les mines d’or disputent le territoire aux lacs et aux forêts, mieux vaut monter dans le train qui relie Montréal à Senneterre.

Les onze heures de voyage (voire plus) sont une bonne occasion de mieux connaître la géographie du Québec et la vie de ces Canadiens en très grande majorité francophones.

Quand on monte à bord de ce train surnommé « le cheval de fer des grands espaces », on s’étonne de constater à quel point la monture est assez sommaire : un seul wagon passager et un seul wagon marchandises pour partir à l’autre bout du Québec.

 

Cette liaison historique, ouverte au début du XXème siècle pour rallier par le Nord la côte Ouest du Pacifique, est aujourd’hui assurée trois fois par semaine. Si le convoi roulait de nuit jusqu’en 1996, il traverse désormais la Belle Province en pleine journée pour le plus grand plaisir des passagers.

Les touristes, les amoureux de nature et les populations autochtones remplacent les bucherons des temps anciens qui prenaient ce train pour se rendre dans les camps de bucheronnage. Ce qui n’a pas changé, c’est qu’il dessert des régions très isolées. Il reste un service d’utilité publique, subventionné par le gouvernement.

 

Train de l'Abitibi, Québec Train de l'Abitibi, Québec

 

Une fois installé dans le wagon, les discussions se nouent très facilement avec les Québécois au naturel affable. La longueur du trajet pousse aussi aux confessions. A bord, on cause, on « jazze », on fait connaissance. Une grande famille raconte qu’elle part « en nature » dans une pourvoirie (ces repaires de chasseurs et de pêcheurs à louer pour le week-end ou la semaine).

Deux rangées plus loin, des cyclistes expliquent comment ils ont traversé la région à vélo et rentrent maintenant à la maison en train. A côté un « fou de nature » part canoter seul, deux jours durant, loin de sa blonde sur une rivière au courant chahutant.

Plus loin, un groupe d’autochtones Atikamekws est plus timide. Il parle bas et raconte quand même, rompant son mutisme et sa méfiance, qu’il part ramasser des bleuets (grosses myrtilles) en forêt pour les revendre ensuite.

 

Au fil des échanges et des arrêts, la région révèle son histoire et ses différents modes de vie. Il est question de migrations, des découvertes minières, forestières, etc… Beaucoup de passagers sont des enfants des enfants de pionniers qui moins de 100 ans auparavant sont venus fonder l’Abitibi. A bord de ce même train !

 

Train de l'Abitibi, Québec Train de l'Abitibi, Québec Train de l'Abitibi, Québec

 

Côté paysages, la première partie du voyage jusqu’à Hervey Junction (où le train se divise, une partie allant vers l’Est et la seconde vers l’Abitibi à l’Ouest) offre des paysages typiques des plaines cultivées d’Amérique du Nord. Le regard porte à perte de vue, juste interrompu par une ferme ocre ou des pylônes électriques. Derrière la vitre, en filant à petite vitesse, on prend vraiment conscience de l’immensité du Québec et du pays en général.

 

Dès que le train entre en Abitibi, les terres agricoles font place à des panoramas beaucoup plus spectaculaires. Les rails enjambent lacs, rapides et rivières tumultueuses. Le convoi traverse des forêts nordiques profondes et sans fin. Ca y est, cette fois, on est loin !  

 

De temps en temps, un signe de vie vient contredire l’impression d’une nature inhabitée : ici un chalet de rondin de bois, plus loin, des habitants postés le long des rails. Ils regardent passer le train et saluent le conducteur.  

 

Train de l'Abitibi, Québec Paysage de l'Abitibi, Québec

 

Ce train de l’Abitibi possède aussi un caractère original et profondément poétique qui souligne encore un autre aspect de la vie au Québec : il s’arrête à la demande.

En plus des arrêts obligatoires, des arrêts facultatifs sont situés le long de la voie ferrée, signalés par des panneaux noir et blanc. S’il y a quelqu’un, le train s’arrête. Il n’est pas rare que les voyageurs embarquent beaucoup de marchandises, des orignaux ou des chevreuils entiers à peine chassés.

D’autres arrêts dit non prévus sont aussi possibles, au milieu de nulle part. Il suffit de prévenir à l’avance le conducteur et le chef de bord pour monter ou descendre.

 

Pendant les nombreuses heures du trajet, on se laisse bercer par le roulis du train et on s’engouffre du regard dans la forêt. Le décor évoque des histoires de coureurs de bois et d’animaux sauvages. La lenteur du convoi ajoute du charme à ce voyage qui va à contre-courant de notre époque pressée, efficace et surinformée.   

 

Ne vous attendez pas à arriver à l’heure. Quand nous l’avons pris, les arrêts imprévus, les rencontres, les marchandises à charger nous ont fait prendre plus de deux heures de retard… Ce n’est pas la destination qui compte ici, mais bien le voyage en lui-même.

Arrivé à Senneterre, c’est une autre aventure qui commence. En Abitibi cette fois (regardez notre page spéciale).
 

Informations pratiques :

Le prix d’un aller simple tourne autour d’une centaine de dollars (bien moins cher que l’avion).

Voir les horaires et modalités de réservation sur le site de Via Rail.

Découvrez aussi le dépliant montrant les sites d’intérêts égrainant le parcours. 

Pour préparer des vacances au Québec, surfez sur le site de l’Office du Tourisme du Québec et pour construire un séjour en Abitibi cliquez ici.

 

Train de l'Abitibi, Québec

Page réalisée avec Céline Develay-Mazurelle

Photos : Céline Develay-Mazurelle

 

 

1 Comments

It would be wonderfull to open a fast rail from Montreal to Abitibi. This would lower the cost of gas, food, and poplution. Also, this would provide a faster means of transportation into the far interior regions. Le Roman, "Le Dragon du Lac Osisko" pour les enfants parle deja de cette besoin. I hope we will have a fast train one day... I like going to Abitibi but 6 or 7 hours in the car is a turn off... let alone the bus from Montreal that takes 10 hours. A fast train like in Europe or Japan, can do this voyage in less than 2 hours at 450Km per hour... but again... we are all living in our minimum confort zone and no one cares and no one would get involved... what a sad society we are...

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