En suivant l’épopée de Jeanne d’Arc

Jeanne d'Arc au bûcher, vitrail, cathédrale d'Orléans

La France fête en 2012 le 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc. Cette héroïne fulgurante a contribué à changer le cours de notre histoire, au XVème, pendant la guerre de Cent Ans. Son personnage, ancré dans l’inconscient collectif, a été repris pour illustrer les causes les plus diverses comme les produits commerciaux les plus farfelus. Voyageons, d’étape en étape, sur les chemins de son épopée pour mieux connaître la plus célèbre pucelle de l’hexagone.

 

 

Jeanne d'Arc entendant les voix, Basilique du Bois-Chenu, Domrémy-la-Pucelle Jeanne d'Arc par Marie d'Orléans, Hôtel Groslot, Orléans Jeanne d'Arc reconnaît le roi à Chinon, vitrail, cathédrale d'Orléans

 

Quand elle meurt tragiquement sur un bûcher le 30 mai 1431, Jeanne d’Arc n’a pas vingt ans. Ses années de gloire se déroulent sur deux ans à peine. Et pourtant, cette comète de l’histoire de France est durablement ancrée dans la mémoire des Français et même à l’étranger.
 
En pleine guerre de Cent Ans, opposant le roi d’Angleterre (qui a des vues sur le trône français) et le roi de France, sa figure symbolise le retournement décisif qui permet la victoire définitive sur les Anglais. Tout de suite utilisée par la propagande royale, Jeanne d’Arc va continuer, jusqu’à notre époque, à personnaliser des thèmes comme le courage, l’indépendance, la foi, la justice, le peuple français, la conscience individuelle.
 
Statue de Jeanne d'Arc, Vaucouleurs, MeuseLa jeune héroïne captive aussi pour sa destinée singulière. Jeanne d’Arc est poussée par des injonctions divines. Elle tient le rôle social et reconnu au Moyen-âge de prophétesse. Sa présence au milieu de l’armée et ses participations aux combats étonnent. Son habit d’homme parachève le portrait sans comparaison de cette femme du Moyen-âge.
Pas étonnant que cette figure historique devienne aussi pour le grand public un personnage romanesque.
 
Fort de la notoriété et de la popularité de Jeanne d’Arc, de nombreux sites français conservent ou entretiennent son souvenir. De la Lorraine à la Champagne en passant par la Touraine et la Normandie, suivons le circuit de son épopée.
Les villes Johanniques consacrent aussi des musées au différentes images de Jeanne puisque le personnage à été allègrement manipulé par la politique, le commerce et les arts.
 
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons consacré à l’épopée de Jeanne d’Arc :
 
 
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons consacré aux images de Jeanne d’Arc et à l’utilisation du personnage :
 
 
 
 
 

Domrémy-la-Pucelle, l’enfance

Staute de Jeanne d'Arc, Domrémy-la-PucelleA la lisière de ce petit village tranquille des Vosges, la maison natale de Jeanne d’Arc se reconnaît sans peine par son profil particulier. Avec son long toit à une pente, le bâtiment a très longtemps illustré les manuels d’histoire.
C’est ici qu’est née vers 1412 la petite Jeanne. Son père est laboureur. C’est donc un fermier assez riche pour posséder chevaux et charrue. A l’échelle de son village, il fait partie des notables. Jeanne reçoit l’éducation des filles de son temps : sa mère lui apprend à être une bonne mère et une bonne épouse. Elle ne sait ni lire ni écrire. La légende la dit bergère. Il n’en est rien comme nous l’explique Claire Bonnard, guide sur le site :
 
 
 
Jeanne d’Arc se singularise dès l’enfance par une foi très fervente. A l’ombre de la maison, un petit coin de jardin, sous un arbre, attire l’attention de nombreux visiteurs : c’est là qu’elle aurait entendu, à 13 ans, pour la première fois, ses fameuses voix qui lui donnent pour mission d’aller délivrer la France des Anglais et faire sacrer le roi à Reims. Le clocher de l’église (celui que Jeanne a connu) veille, juste derrière, sur cet endroit.
 
Staute de Jeane d'Arc, musée de Domrémy-la-Pucelle Eglise de Domrémy-la-Pucelle Staute de Jeanne d'Arc, Domrémy-la-Pucelle
 
Mais la maison, telle que nous la voyons, n’est pas tout à fait celle où Jeanne d’Arc a vécu. Elle a été agrandie par ses descendants qui ont très vite entretenu sa mémoire. Un célèbre voyageur a brossé le portrait de l’édifice au XVIème siècle comme le rappelle Claire Bonnard :
 
 
 
Maison natale de Jeanne d'Arc, Domrémy-la-Pucelle © Conseil Général des VosgesLa maison natale de Jeanne d’Arc a été achetée par le département des Vosges en 1818. Elle se visite depuis cette époque. Les quatre salles du rez-de-chaussée son plutôt des pièces d’atmosphère sans meubles ni objets. Les deux pièces les plus sombres, à l’arrière de la maison datent de l’époque de Jeanne.
A 50 mètres du monument historique, le Centre Johannique explore la vie de l’héroïne dans une ambiance médiévale et l’explique par le biais d’une exposition centrée sur un spectacle audiovisuel.
 
Basilique du Bois-Chenu, Domrémy-la-PucelleA 1,5 km du village, à flanc de coteau, dominant la vallée de la Meuse, la basilique du Bois Chenu est l’autre haut-lieu johannique de Domrémy-la-Pucelle. Cette église a été construite à partir de 1881 à l’emplacement où Jeanne aurait aussi entendue des voix. A cette époque-là, Jeanne d’Arc est une figure célèbre et populaire. Avec sa béatification en 1909, puis sa canonisation en 1920, les commanditaires ambitionnent une église plus vaste. Elle ne sera terminée qu’en 1926. C’est donc Sainte-Jeanne-d’Arc qu’on vient prier ici. On y découvre un personnage qui a servi de ciment national pendant la première guerre mondiale. Ce visage de Jeanne d’Arc est particulièrement présent dans la partie basse de l’église appelée Notre-Dame-des-Armées. Visitons-la :
 
 
 
Dans la nef, huit grandes peintures magnifient les moments forts de la vie de la sainte, proclamée par Pie XI en 1922, patronne secondaire de la France.
 
Basilique du Bois-Chenu, Domrémy-la-Pucelle Basilique du Bois-Chenu, Domrémy-la-Pucelle Basilique du Bois-Chenu, Domrémy-la-Pucelle
 
A l’ombre de la basilique, le restaurant « l’accueil du pèlerin » est une adresse populaire dans la région. Le dimanche, les vosgiens viennent y manger en famille. Le restaurant est tenu par les Travailleuses Missionnaires, une congrégation laïque internationale qui prend la guitare et chante l’Ave Maria et Jeanne d’Arc à la fin du repas.
 

Vaucouleurs, le Départ

Fêtes Johanniques, place de la mairie, Vaucouleurs, MeuseA vingt kilomètres de Domrémy-la-Pucelle, dans le département de la Meuse, on retrouve Jeanne d’Arc adolescente. Elle vient dans cette petite ville fortifiée pour rencontrer Robert de Baudricourt, le capitaine français qui commande la garnison. Elle lui explique sa mission divine et demande une escorte pour aller voir le roi Charles VII ainsi qu’une lettre de recommandation. Baudricourt ne prend pas tout de suite au sérieux cette jeune fille singulière. Ce n’est qu’à la troisième tentative qu’elle obtient satisfaction.
Vaucouleurs est donc le point de départ de l’épopée johannique.
 
Sur les hauteurs de la ville, la porte de France, par laquelle Jeanne a quitté Vaucouleurs en février 1429 est toujours débout. Elle s’inscrit dans un décor pittoresque et émouvant. Visitons les lieux avec Nathalie Merlet de l’Office du Tourisme :
 
 
Chapelle castrale et porte de France, Vaucouleurs, Meuse Fête Johannique devant la porte de France, Vaucouleurs, Meuse
 
Au centre-ville, près de la mairie, un musée est consacré aux visages de Jeanne. Il n’existe aucun portrait de cette femme si célèbre. Mais comme elle symbolise tant de thèmes universels, différents artistes, époques ou famille d’idées ont imaginé Jeanne. Elle apparaît tantôt sainte ou martyre, guerrière ou conquérante, courageuse ou recueillie. Au moment où la France tente d’instaurer définitivement la République, dans les années 1880, et où l’Etat cherche à se séparer de l’emprise de l’Eglise, Jeanne d’Arc devient un symbole utilisé par tous les camps.
Le théâtre et le cinéma s’emparent aussi du personnage.
Jeanne d’Arc est si présente dans la vie française jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale que l’imagerie johannique est pléthorique. A Vaucouleurs, sculptures, peintures, cartons de vitraux, dessins, affiches, faïences explorent ces visages si différents.
 
Musée consacré aux visages de Jeanne d'Arc, Vaucouleurs, Meuse Tapisseries contemporaines représentant l'épopée de Jeanne d'Arc, Mairie de Vaucouleurs, Meuse
 
Dans la grande salle de l’hôtel-de-ville une immense toile de Scherrer, peinte en 1886, montre Jeanne sortant de la ville par la porte de France. Le tableau est typique de l’iconographie johannique soutenue par la IIIème République qui s’applique à forger les grandes gloires de notre histoire. Dans l’escalier, six tapisseries d’Aubusson aux dessins enfantins, naïfs et colorés reprennent elles aussi les grands moments de l’épopée. Tissées en 1990, elles montrent que le thème continue à être exploré de nos jours.
 

Chinon, la reconnaissance

Tour de l'horloge, château de ChinonAprès une dizaine de jours de voyage à travers les territoires bourguignons ennemis, Jeanne d’Arc et son escorte arrivent à Chinon où réside le roi Charles VII.
Il n’a pratiquement plus la main sur son royaume et, même s’il dirige la France depuis 1422, n’est toujours pas couronné. Ce rituel du sacre est de la plus haute importance pour consacrer le roi dans son autorité et surtout sa légitimité. Pour le roi d’Angleterre Henri V, c’est toujours son fils, en vertu du traité de Troyes, qui doit porter la couronne française.
Jeanne arrive donc en Touraine, dans l’immense forteresse qui domine la Vienne, dans cette ambiance tendue quasi désespérée.
 
Grande salle en ruine où aurait eu lieu la scène de la reconnaissance, Château de ChinonChinon est encore aujourd’hui célèbre pour avoir servi de décor à une des scènes les plus romanesques de l’épopée, celle de la reconnaissance. L’histoire populaire et la propagande royale racontent que Jeanne d’Arc a reconnu le roi, sans jamais l’avoir vu, alors qu’il se dissimulait sans signe de distinction, parmi la foule rassemblée dans la grande salle. Ce signe est assez perturbant pour intriguer le souverain.
 
Comme le Moyen-âge prend au sérieux les prophéties mais se méfie des envoyés du diable, la jeune fille est envoyée à Poitiers pour être entendue et ausculter afin de savoir si on peut lui faire confiance.
Une fois reconnue comme prophétesse, elle revoie le roi et lui explique plus en détail sa mission. Mais comment Charles VII pourrait-il croire cette femme ? Il lui faut un signe. Jeanne explique qu’elle le montrera par la levée du siège d’Orléans, alors entouré par les Anglais et les Bourguignons. La ville est en mauvaise posture, prête à capituler.
Le roi décide de l’envoyer vers cette ville des bords de Loire au sein d’un convoi de ravitaillement.
 
Logis royaux, château de ChinonDans les logis royaux restaurés du château de Chinon, un court film sans paroles, réalisé par un chorégraphe contemporain, raconte de façon poétique et stylée la scène de la reconnaissance. Un peu plus loin deux salles exposent ici aussi les différents visages de Jeanne, du XVIIIème au XXème siècle. Dans une vitrine une boite intrigue le visiteur. Julie Pellegrin, conservateur en chef du patrimoine  au département d’Indre-et-Loire nous détaille son étrange contenu :
 
 
Pour le 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc, une exposition temporaire, « Jeanne s’affiche », montre comment l’image de l’héroïne a été reprise de la fin du XIXème siècle à nos jours. La pucelle est omniprésente dans tous les domaines de la société.
Si à notre époque, le Front National et l’extrême droite s’accaparent sa figure en politique, l’exposition présente des affiches expliquant que la gauche aussi s’est servie de l’exemple de Jeanne pour symboliser ses idées. Pendant la seconde guerre mondiale résistants, anglais et américains mais aussi, dans l’autre camp, le gouvernement de Vichy, ont convoqué la jeune lorraine.
 
Affiche du gouvernement de Vichy utilisant Jeanne d'Arc, exposition temporaire, Château de Chinon Affiche britannique utilisant Jeanne d'Arc, seconde guerre mondiale, exposition temporaire, Château de Chinon
 
Les commerçants ne sont pas en reste. Jeanne d’Arc a fait vendre ! On ne s’attend pas à la trouver en égérie publicitaire. Et pourtant, elle promeut des camemberts, du détachant, du café, des crèmes hydratantes, des sardines en conserve … Une des premières machines à laver qui porte même son nom.
 
Image publicitaire utilisant Jeanne d'Arc, exposition temporaire, Château de Chinon Image publicitaire utilisant Jeanne d'Arc, exposition temporaire, Château de Chinon
Image publicitaire utilisant Jeanne d'Arc, exposition temporaire, Château de Chinon Image publicitaire utilisant Jeanne d'Arc, exposition temporaire, Château de Chinon
 
Un autre espace évoque Jeanne d’Arc sur scène et sur l’écran. Dès les débuts du cinéma, les Frères Lumières et Georges Méliès réalisent des films sur la pucelle. Ensuite de Cécil B. de Mille à Bresson en passant par Dreyer, Fleming, Rosselini, Rivette ou Besson, il ne se passe pas une décennie sans qu’un nouveau long métrage sorte sur Jeanne. Falconetti (à voir ici), Ingrid Bergman (à regarder ici), Michèle Morgan, Jean Seberg (à découvrir ici), Sandrine Bonnaire (à suivre ici), Mila Jovovich (la bande-annonce) lui ont, entre autre, prêté leur visage et leur émotions.
Et que dire des musiciens : Couperin, Verdi, Gounod, Tchaïkovsky, Liszt, Honegger, Messiaen… Sans compter, Orchestral Manœuvre In The Dark, Léonard Cohen, Gérard Manset ou plus récemment David Guetta ou Laurent Voulzy.
 
Si Jeanne d’Arc est souvent l’accroche qui pousse les visiteurs au château de Chinon, cette imposante forteresse n’a pas attendu la pucelle pour s’imposer au dessus de la Vienne comme le rappelle Julie Pellegrin :
 
 
Pour mieux nous accompagner dans la visite, des bancs parlants évoquent, à travers des saynètes, les grands moments de l’histoire du château.
 

Orléans, la consécration

Jeanne d'Arc au siège d'Orléans, vitrail de la cathédrale d'OrléansQuand Jeanne d’Arc arrive à Orléans le 29 avril 1429, tout le monde pense la ville perdue pour les Français. En une grosse semaine, Jeanne va réussir à remonter le moral des troupes et à galvaniser les énergies. Elle n’hésite pas à monter au combat pour montrer l’exemple.
Le 8 mai, les Anglais capitulent, la ville est libérée et les prophéties de la jeune lorraine sont prises au sérieux.
La victoire d’Orléans est un tournant dans la guerre de Cent ans et dans la reconquête du royaume par Charles VII. Désormais les Anglais ne cesseront de reculer.
Jeanne gagne ici la consécration et un surnom : « la pucelle d’Orléans ».
 
Pauline Finet figurant Jeanne d'Arc pendant les fêtes 2012, Orléans © Mairie d'OrléansOrléans a tout de suite célébré Jeanne et aujourd’hui encore, elle est perçue comme la sauveuse de la ville. Chaque année, début mai, depuis 1430, les fêtes Jeanne d’Arc rappellent ce moment historique. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la jeune femme est même incarnée comme nous l’explique Jean-Pierre Gabelle, adjoint au maire chargé de l’organisation des fêtes Jeanne d’Arc :
 
  
La première halte orléanaise, quand on veut comprendre ce que la prophétesse a fait ici, c’est la Maison de Jeanne d’Arc. C’est là qu’elle a séjourné pendant le siège, chez un riche bourgeois. Mais la demeure actuelle est une réplique reconstituée dans les années soixante suite aux bombardements qu’Orléans a subi pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est le siège du Centre Jeanne d’Arc (un des principaux centres de recherche sur la pucelle). Au rez-de-chaussée, le public peut visiter la maison en guise d’introduction sur Jeanne d’Arc comme l’explique Aurélie Bonnet-Chavigny, directrice du Centre Jeanne d’Arc :
 
 
Maison Jeanne d'Arc, OrléansLa promenade dans le centre historique d’Orléans évoque Jeanne grâce à des statues, des magasins qui portent encore son nom, des décors (comme la rue de Bourgogne qu’elle a empruntée). L'Office du tourisme édite un dépliant complet et gratuit, « laissez-vous conter Jeanne d’Arc » qui permet d’aller de monuments en monuments.
Une salle du musée historique et archéologique de l’Orléanais consacre une salle (lui aussi !) aux images de Jeanne. C’est l’occasion d’y voir des représentations anciennes remontant jusqu’à la Renaissance.
Au musée de Beaux-Arts, Scherrer (déjà rencontré à Vaucouleurs) propose sa vision de « l’entrée de Jeanne d’Arc à Orléans » (1887).
 
Jeanne d'Arc priant devant la vierge, façade de Notre-Dame-des-Miracles, Orléans Magasin d'Orléans
Rue de Bourgogne, Orléans Statue de Jeanne d'Arc, place du Martroi, Orléans
 
L’ancien hôtel de ville, installé après la Révolution dans un hôtel particulier du XVIème siècle, montre gratuitement ses salons réaménagés au milieu du XIX siècle. C’est encore l’occasion de croiser « la pucelle d’Orléans ». Sa figure, sculptée par la princesse Marie d’Orléans, fille du roi Louis-Philippe, accueille le visiteur au pied du perron. A l’intérieur, une autre oeuvre de la princesse montre Jeanne combattant à la bataille de Patay (où les anglais subissent une cuisante défaite). On retrouve Jeanne sur la cheminée ou sur des copies de tableaux anciens.
 
Hôtel Groslot, Orléans Hôtel Groslot, Orléans
Hôtel Groslot, Orléans Hôtel Groslot, Orléans
 
La cathédrale d’Orléans est aussi un haut-lieu johannique. Jeanne a connu le chœur tel que nous le voyons encore aujourd’hui mais le reste de ce vaste vaisseau gothique n’était pas encore bâti. A l’intérieur, plusieurs vitraux du XIXème siècle évoquent l’épopée. C’est d’Orléans qu’est partie la demande de canonisation, soutenue par l’évêque, Mgr Dupanloup en 1869. Une bonne partie de la longue procédure s’est déroulée ici. Mgr Touchet prendra le relais et obtiendra la béatification en 1909 puis la canonisation en 1922. Celui qu’on surnomme « l’évêque de Jeanne d’Arc » est représenté en priant dans la chapelle dédiée à la sainte (statue en marbre de Carrare).
Dans un des clochers, la plus grosse cloche, un bourdon de six tonnes, se nomme Jeanne d’Arc.
Sur le parvis, des bas-reliefs de Paul Belmondo, illustrent eux aussi différents moments de l’épopée.
 
Cathédrale d'Orléans Vitrail évoquant Jeanne d'Arc, cathédrale d'Orléans
Bas-relief de Paul Belmondo, parvis de la cathédrale, Orléans Chapelle Sainte-Jeanne-d'Arc, cathédrale d'Orléans
 

Reims, le sacre

En venant en Champagne, Jeanne d’Arc réalise sa seconde mission : faire sacrer le roi.
Cathedrale et satue de Jeanne d'Arc, Reims © Carmen MoyaLa cérémonie a lieu le 17 juillet 1429. Elle a un retentissement politique majeur. Le roi de France, Charles VII, est désormais légitime et ne doit rendre compte qu’à Dieu. Le sacre redonne de l’optimisme aux Français et le traité de Troyes (à l’origine de la guerre de Cents Ans) ne vaut plus rien. Jeanne d’Arc est bien sûr présente au milieu des hauts dignitaires du royaume.
Le couronnement de Charles VII reste certainement un des sacres français les plus célèbres (sur les 32 qui se sont passés à Reims). Il s’est déroulé dans la cathédrale, chef d’œuvre incontesté de l’art gothique, classé « patrimoine mondial » par l’Unesco.
Dans la chapelle axiale du déambulatoire, l’un des vitraux exécutés d’après les dessins de Marc Chagall évoque ce moment de l’épopée johannique.
Le palais du Tau, juste à côté de la cathédrale, conserve le calice des sacres datant du XIIème siècle et utilisé en 1429.
 

Compiègne, la chute

Jeanne d'Arc, vitrail, cathédrale d'OrléansUne fois sacré, Charles VII a-t-il encore besoin d’une prophétesse comme Jeanne ? Les Anglais reculent, l’autorité royale est restaurée. Après la tentative ratée de reprendre Paris aux bourguignons, le roi semble moins sensible à la parole de Jeanne. C’est elle qui est à l’origine de l’assaut contre la capitale…
La campagne visant à reconquérir le territoire est stoppée et l’armée dissoute. Mais les combats ne cessent pas pour autant. Jeanne porte main forte ici et là. Le succès n’est plus au rendez-vous.
En mai 1430, les Bourguignons assiègent Compiègne, en Picardie, au Nord de Paris.
La pucelle répond à l’appel à l’aide de la ville. Elle va s’y battre ardemment mais le 23 mai, elle est capturée par les Bourguignons.
 
Compiègne est surtout connue aujourd’hui pour son immense palais royal et impérial (en très grande partie bâti au XVIIIème siècle). Jeanne d’Arc n’est qu’un lointain souvenir. Elle apparaît tout de même en statue sur la façade de l’hôtel de ville. La prophétesse a prié, le matin de sa capture, à l'église Saint-Jacques, édifiée au XIIIème. Le monument est toujours debout mais son décor intérieur date du XVIIIème.
 

Rouen, la fin

Tour Jeanne d'Arc, Rouen © B. VoisinUne fois aux mains des Bourguignons, Jeanne d’Arc est vendue aux Anglais.
Elle est transportée à Rouen pour être jugée. Le procès se déroule du 21 février au 23 mai 1431. Ses juges trouvent soixante-dix chefs d’accusations. Dans ce procès éminemment politique, elle est bien sûr déclarée coupable.
Jeanne d’Arc meurt brûlée vive sur un bûcher le 30 mai 1431.
Pour éviter tout culte posthume, les Anglais veulent qu’il ne reste rien d’elle. Il faudra donc trois crémations pour réduire le corps en cendres. Elles seront dispersées dans la Seine.
Jeanne est morte mais sa légende ne fait que commencer.
 
Comme à Orléans, Rouen édite gratuitement un dépliant « laissez-vous conter Jeanne d’Arc ». Il permet de partir à la découverte des lieux et monuments attachés à son histoire.
Une partie du château du XIIIème siècle où elle a été retenue prisonnière existe encore, notamment la tour dite « de la pucelle ». Le donjon dans lequel elle a subit la torture est toujours debout également.
 
La cathédrale de Rouen abrite une statue de Jeanne d’Arc et des vitraux posés au début du XXème siècle. Derrière l’abbatiale Saint-Ouen, le jardin se trouve à l’emplacement du cimetière où l’évêque Cauchon tenta de faire abjurer Jeanne. Au même endroit eut lieu en 1456 la cérémonie solennelle de réhabilitation, juste après le procès annulant toutes les accusations portées à l’héroïne. Ce procès en réhabilitation s’est lui aussi déroulé à Rouen.
 
Vieille rue de Rouen © office du tourisme de RouenMais le lieu le plus emblématique de la ville reste la place du vieux marché où Jeanne a été exécutée. Depuis 1979, un monument civil et une église commémoratifs s’élèvent juste à côté de l’emplacement du bûcher, matérialisé par une grande croix.
Jusqu’en octobre 2012, la place du vieux marché abritait aussi un musée de cire consacré à l’épopée de Jeanne d’Arc. Fermé et sans repreneur, l’agglomération rouennaise, préfère se lancer dans un projet ambitieux, digne du personnage : l’historial Jeanne d’Arc. Ce centre d’interprétation de la vie de Jeanne d’Arc, de ses légendes et de son rayonnement devrait ouvrir en 2015 dans l’archevêché.
Ce sera l’occasion de découvrir aussi des magnifiques décors médiévaux liés à l’histoire de la pucelle. C’est en effet dans la salle de l’Officialité que fut prononcée la condamnation de Jeanne en 1431 et que s’est déroulé son procès en réhabilitation en 1456 (découvrez les lieux avant aménagement en cliquant ici).
 

Lire, écouter, voir

"Jeanne d’Arc, histoire et dictionnaire"
Par Philippe Contamine, Olivier Bouzy et Xavier Hélary
Collection Bouquins, Robert Laffont
Pour connaître la vie de Jeanne d’Arc par la biographie et les entrées nominales d’un dictionnaire entièrement consacré à sa vie et aux thématiques qu’elle symbolise.
En découvrant son destin, on s’aperçoit qu’elle n’est jamais vraiment celle que la légende a sculptée. Elle garde sa part de mystère et nous échappe en partie. Elle souligne aussi un moment clé de l’histoire de France, pendant l’époque complexe de la guerre de Cent Ans.
 
"Jeanne d’Arc"
Joseph Delteil
Editions Grasset
Ce livre nous donne à voir Jeanne en toute humanité. Joseph Delteil, profondément chrétien, ne montre pas l’héroïne comme une sainte mais comme un femme au destin unique, à la fois forte et fragile. Texte magnifique. Prix Fémina en 1925.
  
Les principaux films sur Jeanne d’Arc (ceux réalisés par Besson, Rivette, Bresson, Dreyer) sont disponibles en DVD.
 
Quel est le visage de Jeanne d'Arc ? le votre ?, Office du Tourisme d'Orléans

 Photos : Ludovic Dunod, Carmen Moya / Office du Tourisme de Reims, B. Voisin, Office du Tourisme de Rouen, Conseil Général des Vosges, Mairie d'Orléans.

 

1 Comments

Bonjour,
Merci à vous pour ce reportage johannique...
Pour info :
Lagny-sur-Marrne (77) est depuis le 17 septembre 2012 la onzième ville johannique, et croyez-moi, elle le vaut bien !!!

Une Amie de Jehanne
Chantal

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