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18 oct. 2012 - 13:05
Un dimanche dans les guinguettes
Synonyme de bon temps au bord de l’eau, les guinguettes ont marqué les loisirs populaires des Parisiens pendant toute la première partie du XXème siècle. L’art de vivre de ces restaurants-dancing typiquement français continue à animer les bords de Marne grâce à quelques établissements toujours vaillants. Voyage bucolique et retro au son de l’accordéon.
Les bords de Marne, à Joinville-le-Pont, Nogent ou Champigny ont longtemps été surnommés « la plage des parisiens ».
C’est là, à vingt minutes en train du centre de Paris, que les habitants de la capitale prennent l’habitude de venir se détendre et se reposer à partir de la fin du XIXème siècle.
Paris s’industrialise et grossit. Le dimanche, les classes populaires ont besoin d’air.
Elles prennent le train, là où s’élève aujourd’hui l’Opéra-Bastille, et filent à la campagne, au bord de l’eau.
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les bords de Marne sont noirs de monde les jours chômés. Baignade, canotage, promenade, pêche… ou encore concours d’aviron, régates, joutes : la Marne est alors un formidable terrain de jeu aquatique.
A cette époque là, les guinguettes sont les principaux points d’attraction au cœur de ce décor champêtre et fluvial. A l’âge d’or des bords de Marne, il y aurait eu jusqu’à 200 guinguettes.
Ces restaurants-dancing profitent des frondaisons pour disposer les tables et la piste de danse en plein air. Une salle à manger et un bal sont aussi souvent disponibles sous des charpentes en bois pour les jours maussades.
La chanson, le cinéma et les romans populaires immortalisent ces lieux festifs où règne l’accordéon musette.
A partir des années 60, grâce à l’essor de l’automobile, les parisiens vont vivre leurs loisirs et leurs vacances plus loin de la capitale. Les bords de Marne changent d’allure également. La ville et la banlieue grossissent toujours. Les guinguettes ferment. Les immeubles poussent à la place des arbres.
Malgré tout, quelques établissements ont survécu. Les berges de la Marne restent très belles à bien des endroits. Il est donc possible de retrouver l’esprit des guinguettes et des bords de Marne en prenant le RER A du centre Paris et en descendant à Nogent (vingt minutes de Chatelet-Les Halles).
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons consacré aux guinguettes du Val-de-Marne :
Chez Gégène, une adresse historique
Sur les quais de Joinville-le-Pont, l’illustre guinguette est surmontée d’une énorme silhouette de cuisinier avec une toque blanche. Impossible de rater l’adresse !
Les dimanches de beau temps, la terrasse au bord de l’eau est pleine à craquer. C’est comme ça « Chez Gégène » depuis la fin de Première Guerre mondiale quand Eugène Favreux (le fameux « Gégène ») s’installe ici. Aujourd’hui, l’établissement est la seule guinguette historique encore ouverte. Et quelle guinguette : Bourvil lui a dédié une chanson que tout le monde connaît encore (écoutez-la ici).
Au son de l’accordéon, on y déguste des moules et des frites dans une ambiance familiale et joyeuse.
Au début du XXème siècle, la spécialité culinaire des guinguettes était pourtant tout autre comme nous le raconte Oliver Maître-Allain, directeur du musée de Nogent :
Dans la salle de bal de « Chez Gégène », les élégants danseurs tournoient sur les airs musettes d’un orchestre bien vivant. En levant les yeux, la frise qui court tout autour de la salle rappelle tous les loisirs proposés par Gégène dans l’Entre-deux-guerres : pédalos, vélos excentriques, balades à dos d’ânes, joutes nautiques, concours de force. Le vieux jeu de force à l’effigie d’un molosse patibulaire est d’ailleurs toujours visible.
Ces décors d’époque semblent bien frêles par rapport à la frénésie qui envahissait les bords de Marne le dimanche (regardez un extrait de « Nogent, Eldorado du dimanche » de Marcel Carné, tourné en 1929).
Aujourd’hui, à la guinguette, les personnes âgées passionnées de danses en couple côtoient les familles et les jeunes venus manger des moules-frites. Un vrai parfum de France populaire.
Un dimanche « Chez Gégène » n’est tout de même pas donné : comptez environ 30/40 euros pour un repas, 50 euros pour le déjeuner et l’accès à la salle de bal, 17 euros pour le bal uniquement.
Une virée sur l’Ile du Martin-pêcheur
A Champigny sur Marne, à l’instant où on traverse le petit pont de l’île du Martin-pêcheur, on est sous le charme de cette guinguette qui suspend le temps. Les tables sont installées sous les tonnelles et les lampions multicolores éclairent les assiettes de fritures et les verres de vin. Ici aussi, toutes les générations se côtoient sans chichi. Un orchestre accompagne la journée. L’esprit convivial et détendu de la guinguette de l'île du martin-pêcheur gagne vite tout le monde.
Qui pourrait croire que ce lieu est né en 1983 seulement ?
Au moment où les guinguettes déclinaient, Jean-Yves Dupin, un passionné des bords de Marne, décide de ressusciter l’ambiance et le décor de ces lieux de fêtes populaires. Pari gagné.
On se retrouve presque comme dans le film « La belle équipe » dans lequel Jean Gabin chantait « quand on s’promène au bord de l’eau » (regardez ici).
Quand on se promène au fil de l’eau …
Pour découvrir le côté sauvage et pittoresque de la Marne, rien ne vaut une balade en bateau. Les maisons cossues aux architectes originales, les nombreuses îles sauvages et protégées, les ponts, les oiseaux, et les saules pleureurs composent toujours le décor de cette rivière qui est sur le point de se jeter dans la Seine, aux portes de Paris.
La compagnie Nayptune Marne Croisières, et l’association « Au fil de l’eau », proposent des balades commentées, pour mieux apprécier les paysages des méandres de cette rivière aux allures toujours champêtre. Un moyen bien agréable de s’imprégner de l’histoire de la Marne, marquée par le canotage, et les multitudes de guinguettes.
Parfum de guinguette au musée
A Nogent-sur-Marne, un charmant petit musée propose un voyage à la Belle-époque, au moment où les bords de Marne étaient le haut-lieux des loisirs balnéaires des Parisiens. De nombreux peintres ont immortalisé l’activité joyeuse des rives, les maisons secondaires à faux colombage de style anglo-normand et ses flots de parisiens festoyant le dimanche.
On y découvre la foule qui se presse pour suivre les joutes nautiques et les courses d’avirons mais aussi ceux qui profitent de la rivière pour canoter ou se baigner. Micheline Maître-Allain, se souvient de sa jeunesse et de ses cours de natation :
Les peintres de la Belle-Epoque ont aussi croqué la fête dans les nombreuses guinguettes qui bordaient la rivière à cette époque. On pourrait presque regarder les tableaux en écoutant (ici) « le petit vin blanc », célèbre chanson évoquant les guinguettes.
Sur tous les tableaux, on voit des ouvriers endimanchés mais pas seulement comme le précise Michel Riousset, historien des bords de Marne :
La collection du musée de Nogent/Marne montre aussi l’architecture, les paysages et les activités festives ou sportives des bords de Marne grâce à des photos et des cartes postales anciennes jusque dans l’Entre-deux-guerres.
Le chalet des canotiers
De nombreuses villégiatures ont également poussé sur les bords de Marne dans les années 20 et 30 quand c’était le lieu privilégié de vacances des Parisiens. Les promoteurs immobiliers ayant fait main basse sur ces banlieues toutes proches de Paris, les témoins architecturaux de cette époque sont rares aujourd’hui.
Michel Riousset a sauvegardé son chalet des canotiers construit en 1882 par un de ses aïeuls. Il est niché au cœur d’une grande propriété familiale dont il a hérité. Situé à Joinville-le-Pont, à l’abri d’un coquet jardin, ce chalet à l’architecture si typique a gardé son charme d’antan…
Suivons Michel Riousset :
Aujourd’hui, classé Gite de France, il est possible de louer le chalet des canotiers. Une alternative insolite pour un séjour parisien et francilien (entre la Marne et le bois de Vincennes).
Informations pratiques
Pour préparer une journée sur les bords de Marne, regardez le site du CDT du Val-de-Marne.
Page réalisée avec Alice Milot
Photos : Alice Milot, Michel Riousset
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