Voyager est un art pluriel. Chacun le conçoit avec ses propres images, ses propres rêves, ses propres attentes. Il y a un monde entre un « voyage organisé » et une longue pérégrination solitaire. Un monde qu’on tente de réunir en proposant à nos auditeurs, lecteurs et internautes de partir avec nous sur des chemins de cultures, de découvertes, de rencontres... Sans à priori, curieux et avides de partage pour mieux connaître la planète. On trouve ici nos émissions, des bonus, nos humeurs, des photos, des films... un simple rendez-vous des voyageurs! NOUS ECRIRE
14 févr. 2013 - 13:44
New-York insolite
Oublions la Statue de la Liberté ou l’Empire State Building. La ville regorge de décors, monuments, musées et œuvres d’art qui racontent son histoire aujourd’hui disparue. La surprise est au coin de la rue. Il suffit d’orienter son regard ou de connaître les bonnes adresses …
A l’ombre des gratte-ciels, New-York conserve bien plus de traces de son histoire qu’il n’y paraît. D’accord, la ville vit au présent mais elle garde néanmoins un lien avec les colons Hollandais du XVIIème siècle, les pères fondateurs des Etats-Unis ou le boom économique du XIXème siècle.
New-York, avec son dynamisme incomparable et sa créativité débordante, recèle également des œuvres conceptuelles singulières.
T.M Rives, un écrivain-photographe californien, installé depuis plusieurs années dans la Grande Pomme, ne cesse d’arpenter rues et avenues pour dénicher tous ces trésors surprenants.
C’est un homme à l’œil gourmand.
Il est l’auteur du guide « New-York insolite et secret » (éditions Jonglez).
Impossible de condenser toutes ses adresses (le guide fait 400 pages !). On en a sélectionné certaines et il nous a servi de guide.
Prêt pour la balade ?
Ecoutez (ou téléchargez) l’émission que nous avons réalisé sur le sujet :
Central Park, le début d’une histoire
Si on a coutume de faire de Central Park un des symboles de New-York, on sait moins que son histoire ramène le promeneur curieux des millénaires en arrière, bien avant que la ville ne soit érigée en modèle de cité moderne.
Inauguré en 1873, après treize ans de construction, cet océan de verdure, paysagé à l’Anglaise, cache des éléments étonnants.
Du côté de Sheap Meadow, plusieurs gros rochers gris sont posés sur des plaques de schiste beige …
Ce sont des « blocs erratiques de l’ère glacière ». Ils ont été érodés, soulevés puis charriés jusqu’ici par les glaciers il y a 12 000 ans.
Plus loin, des caféiers du Kentucky, rappellent aussi l’ère préhistorique quand les mastodontes (cousins américains des mammouths) étaient les seuls animaux à pouvoir manger les cosses remplies de graines extrêmement venimeuses de ces arbres élancés.
A la hauteur de la 85ème rue, les fondations d’une maison dépassent à peine de la pelouse. C’est tout ce qui reste du village de Seneca, quand New-York n'était développé qu’au Sud de Manhattan. Ici, en pleine zone marécageuse, c’était la campagne.
Derrière le Visitor Center, à l’entrée Sud du parc, il faut aller fureter sur les quelques rochers qui se trouvent derrière le bâtiment pour trouver (avec de la patience !) un petit poteau de fer fiché dans la roche.
C’est l’ultime vestige du système qui permit de spatialiser le quadrillage des rues et avenues se coupant à angle droit. Cet humble bout de métal reste le seul emblème de la naissance de la cartographie urbaine si caractéristique de New-York (puis des autres villes américaines).
Au début du XIXe siècle, la ville est en pleine effervescence politique, économique et démographique. Entre 1800 et 1850, ses habitants passent de 60 000 à plus de 500 000. Le Sud de Manhattan devient bien trop petit pour contenir une densité de population sans cesse grandissante. La ville doit s’organiser.
En 1811 John Randel va donc remodeler l’urbanisme de New-York en dessinant un plan comprenant 12 larges avenues traversées perpendiculairement par 155 rues, le tout formant un quadrilatère composé de 2028 blocs de maisons. Si ce plan d’aménagement a d’abord été pensé sans grande conviction, il est aujourd’hui inscrit dans l’ADN de la ville.
New-York terre de jeu
Partir à la découverte des endroits insolites de New-York s’apparente à un jeu.
Et certains lieux sont même très ludiques.
Suivons T.M Rives à Grand Central, la gare historique de New-York :
Voilà encore un autre jeu à faire dans Grand Central. Chercher le carré noir :
Autre terrain de jeu, Cortland Alley. C’est LA ruelle hollywoodienne de New-York. L’auteur du guide « New-York insolite et secret » nous y a aussi mené (on y entre par Canal Street, entre Broadway et Lafayette) :
Le long de Central Park, entre la 76ème et la 77ème rue, poussez la porte et cherchez qui s’est travesti au milieu des objets anciens exposés. T.M. Rives, nous guide … (les dragqueens vont adorer !) :
Enfin, la surprise et le jeu découlent aussi des longues marches que les visiteurs ne manquent pas de faire dans Manhattan. Soudain, un détail (parfois imposant) attire le regard et intrigue. Comme ici dans l’Upper East Side :
New-York et les fantômes
Si l’on a coutume de considérer New-York comme une cité moderne résolument tournée vers le futur. On aurait tort, pourtant, d’ignorer le passé dont les témoignages demeurent présents jusque dans ses plus petites impasses.
En passant par Merchant’s house, ne soyez donc pas étonné si on vous parle d’une certaine Gertrude Tredwell, une vieille dame née et décédée au deuxième étage de cette maison bourgeoise du milieu du XIXe siècle. Elle aurait la curieuse manie de laisser flotter derrière elle une odeur de pain grillée, d’eau de toilette à la violette ou ferait encore tinter les porcelaines…
Mais Gertrude est morte nonagénaire en 1933. Elle hanterait sa maison depuis.
Fille cadette d’un riche importateur venu s’installer dans ce coin chic du Sud de Manhattan, son histoire raconte la condition d’une famille progressivement ruinée. Gertrude, dernière résidente des lieux, prit un soin particulier à entretenir cette maison cossue, isolée dans un quartier devenu populaire au fil des décennies.
Du coup, ici tout est d’origine et resté dans son jus : la cuisine, les meubles, les services de table, les marches des escaliers…
Cette maison est devenue un musée d’atmosphère unique à New-York. Il permet de saisir la vie aisée d’une ville qui ne connaissait pas encore les gratte-ciels.
En cherchant des fantômes, on pourrait aussi en trouver sous terre.
Le long de la ligne 6 du métro par exemple. Worth Street, 18e rue, ou City Hall sont des stations fermées au public dormant dans la pénombre. En plaquant son regard contre la vitre du wagon, on les aperçoit aisément.
La plus impressionnante reste City-hall, inaugurée le 27 octobre 1904. Plus de 100 000 New-yorkais, en costume et robe de soirée sont venus la voir ce jour-là. Sa décoration de céramique était (et reste) des plus chics. Fermée depuis 1945, il faut oser rester dans le wagon au terminus pour pouvoir la voir quand le train part dans des tunnels de service avant de ressortir de l’autre côté du quai…
Des musées inattendus
Inutile de dresser une liste exhaustive des musées qui attendent le visiteur à New-York, mais certains d’entre eux révèlent un visage étonnant de la ville.
Le City Reliquary, par exemple, est un tout petit musée de Brooklyn qui présente un bric-à-brac étonnant de souvenirs de New-York : anciennes cartes postales, éclairages publics, clous du métro, boîtes d’allumettes…
A Manhattan, le musée du gangster, véritable condensé de l’histoire des bandits américains, montre aussi les effets de la prohibition au début du XXème siècle dans le Lower East Side et l’East Village.
C’est l’œuvre de Lorcan Otway, un enfant du quartier, passionné par les gangsters et héritier d’un immeuble pas commun.
Ici, au 80 Saint Marks Place se trouvait un des nombreux speak easy de New-York, les fameux bars clandestins de la prohibition. Le bâtiment garde de nombreuses traces de cette époque.
Certaines sont visibles dans le musée, d’autres sont montrées aux groupes qui en font la demande. Pour ces derniers commencent un insolite voyage dans le temps.
Au sous-sol git un coffre-fort dans lequel le père de Lorcan Otway a trouvé un butin de deux millions de dollars !
Suivez-nous dans les entrailles de ce vieux speak easy avec Lorcan Otway :
L’insolite se cache aussi dans des musées renommés de New-York …
Au musée de la ville, sur la 5ème Avenue, la maison de poupée de la famille Stettheimer renferme des oeuvres miniatures, réalisées par de célèbres artistes du XXème siècle (Duchamps, Archipenko, Gleizes entre autre).
Lever les yeux
New York fait partie des villes qui se visitent à ciel ouvert.
En levant la tête, les surprises s’enchaînent.
Sur Madison Avenue par exemple, le Squadron A est un édifice en forme de château médiéval. Si son style est qualifié de « féodal normand », sa création remonte à 1894, à l’époque où les « hussards new yorkais », un club réservé à l’élite, organisait des réunions militaires dans la cour intérieure.
Plus bas, au coin de Madison Avenue et de la 23ème rue, T.M. Rives, l’auteur du guide « New-York insolite et secret » nous a montré d’autres immeubles inattendus :
Venise s’invite aussi du côté de la 11e rue. Le provoquant Palazzio Chupi, démesuré et rose bonbon, est perché sur d’anciennes écuries du West village.
Les réservoirs d’eau en bois qui ponctuent le toit des immeubles de plus de cinq étages sont aussi un autre symbole architectural de la ville. Le système d'alimentation en eau de New-York est l'un des plus anciens des Etats-Unis. Il utilise de larges tuyaux ne permettant pas d'obtenir une pression suffisante pour alimenter les hauts immeubles. Ces citernes sont donc utilisées comme réserve d'eau secondaire en cas d'incendie. Elles contribuent à l’image légendaire de la ville.
L’art contemporain là où on ne l’attend pas
Haut-lieu de l’art contemporain à New-York, Chelsea est l’endroit de prédilection pour tous les amateurs de galeries et de nouveautés en tous genres…
Mais, c’est un peu plus loin, au Sud de Manhattan, qu’il est possible de découvrir des lieux inattendus dédiés à l’art d’aujourd’hui.
A Tribeca, la Dream House est un projet caché au 3e étage de l’immeuble du 275 Church Street. Monte Young y officie depuis 20 ans. Il a imaginé une grande chambre à coucher avec des coussins disposés en rond sur un tapis blanc, des faisceaux de lumière violette, et surtout, un bourdonnement surgissant de hauts parleurs situés au quatre coins de la pièce. Tremblement de terre, sèche cheveux, grillons ? A vous de trouver ce que vous évoque ce bourdonnement, et d’entrer « dans » le son.
A Soho, The Earth Room est présentée par son auteur, Walter di Maria, comme une « sculpture d’intérieur en terre ». Autrement dit, 140 tonnes de terre, recouvrant 1 000 m2 sur 56 cm d’épaisseur, restent immobiles ou presque au 2ème étage du 141 Wooster Street depuis 1977.
William, le gardien des lieux arrose et retourne cette terre sombre et humide qui contraste avec le blanc immaculé des murs du loft. Une invitation à la contemplation et au temps suspendu …
New-York, une ville d’artisans
Difficile de concilier la modernité d’une mégapole comme New-York avec l’artisanat tel qu’on pouvait le concevoir au XIXe siècle. Et pourtant, la manufacture de pianos Steinway and Sons en est un formidable exemple.
1848 : Monsieur Steinweg, facteur de pianos en Allemagne, émigre aux États-Unis avec une partie de sa famille. En 1853, il fonde à New-York sa propre firme Steinway and sons.
Le succès venant, il décide en 1880 de créer le « Steinway Village », à Astoria dans le Queens.
La marque y fabrique toujours ses pianos. Elle est même devenue en 150 ans la plus célèbre référence du monde dans ce domaine.
Une fois par semaine, des visites gratuites de trois heures sont organisées à la manufacture pour tous les visiteurs curieux de découvrir les différentes étapes de fabrication d’un Steinway (voir comment réserver). Entre les ambiances de scies et de ponceuses rugissantes, on se balade au milieu des effluves de bois aussi parfumés que précieux.
Ici, des générations d’hommes, d’origines et de cultures diverses, ont commencé au plus bas de l’échelle pour gravir les paliers et devenir des ouvriers très spécialisés. Les pianos naissent dans l’ambiance d’une vieille manufacture baignée de lumière, vestige d’une époque où l’électricité n’était pas encore de mise.
Nous avons quitté T.M Rives en fin d’après-midi.
Cet écrivain-photographe avait bien sur son appareil en bandoulière. Comme New-York est une ville profondément photogénique, profitons de deux ou trois de ses conseils :
Page réalisée avec Stéphanie Labadie
Photos : Stéphanie Labadie
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